Une photo officielle diffusée par Buckingham Palace de la Reine Elizabeth II posant au chateau de Windsor en compagnie de quatre de ses chiens. | ANNIE LEIBOVITZ/ROYAL COMMUNICATION/REUTERS

Avec une extraordinaire précision, la Rolls-Royce couleur bordeaux a pénétré au pas dans la cour de la poste de Windsor à 13 heures très exactement, comme l’annonçait le programme. Sans un regard pour la centaine de ses sujets qui patientaient sous le soleil printanier ce mercredi 20 avril, Elizabeth II est descendue du véhicule d’un pas qui demeure ferme malgré l’âge, accompagné de son mari, le duc d’Edimbourg. Portant un ensemble rose vif et un de ces chapeaux à fleurs qu’elle est la seule à oser arborer, la reine d’Angleterre s’est dirigée rapidement vers le centre de tri postal, pour marquer les cinq cents ans de Royal Mail.

La visite d’une vingtaine de minutes n’était qu’un prétexte. A sa sortie, la petite foule, encouragée par la chorale, a entonné « happy birthday, your Majesty », sans que la souveraine ne marque ni sourire, ni le moindre signe de reconnaissance. Elizabeth II fête ce 21 avril ses 90 ans et ce n’est pas maintenant qu’elle va se mettre aux bains de foule. Le temps de recevoir des bouquets de fleurs de quelques enfants sagement alignés en rangs d’oignons et elle était déjà partie.

Le message sous-jacent était clair : la fonction est plus importante que la personne. La reine entend servir et aucune grande fête n’est prévue pour ce qui est un anniversaire privé, pas un événement officiel. Les célébrations publiques auront lieu dans deux mois, avec en point d’orgue un déjeuner le 12 juin avec les nombreuses associations dont elle assure le patronage.

Parfaitement téléguidée par le protocole, la directrice de la poste a d’ailleurs insisté. « De façon typique, vous placez le service avant votre propre personne. »

« Je dévouerai ma vie à mon rôle »

La réalité est pourtant que cet anniversaire a été préparé dans les moindres détails et est l’occasion d’une offensive de relations publiques du palais. Une photo d’Elizabeth II entourée des trois futurs rois a été dévoilée : les princes Charles, William et George, dans l’ordre de succession, entourent le chef d’Etat britannique. William, plus populaire que son père, a même accordé une rare interview à la BBC. Sa grand-mère est « un exemple qui le guide », assure-t-il. Lui-même a dû se défendre d’être peu prompt au travail, loin des obligations protocolaires. « Je prends mon devoir très au sérieux, rétorque-t-il. Mais (…) si on ne fait pas attention, le devoir peut peser beaucoup sur vous à un jeune âge. »

Preuve de la redoutable efficacité de la communication royale, la foule présente à la poste de Windsor mettait en avant ce sens du devoir de la reine. « Elle a dû abandonner sa propre vie, pour la dédier à la fonction », admire Peter Carey, un retraité qui a sorti sa cravate pour l’occasion. « Quand elle a été couronnée en 1953, elle a dit : “je dévouerai ma vie à mon rôle”. Elle a tenu parole », ajoute Peter Robinson, représentant d’une association caritative.

Eux n’ont jamais connu qu’Elizabeth II à cette fonction, point focal constant dans le paysage britannique, rassurante dans son consciencieux rôle symbolique. A 90 ans, mais en excellente santé, la reine ne compte certainement pas s’arrêter.