Le quartier berlinois de Kreuzberg, en mars. | Fabrizio Bensch/Reuters

A compter du dimanche 1er mai, les habitants Berlin ne pourront plus louer leur habitation entière pour des séjours de courte durée sur Airbnb, à moins d’obtenir une autorisation des autorités. Les propriétaires ne pourront désormais proposer à la location qu’une pièce de leur appartement ou de leur maison. Il s’agit de limiter autant que possible la pratique, qui nuit fortement au marché locatif, consistant à retirer son appartement du circuit classique pour le réserver aux touristes.

Le secrétaire d’Etat au logement de Berlin, Engelbert Lütke Daldrup, interrogé par Le Parisien, évalue à 10 000 le nombre de logements qui ont ainsi été retirés du marché traditionnel. Selon lui, « dans certains immeubles, on trouve plus de touristes que de locataires. Nous avons construit 12 000 logements neufs en 2015. Ce n’est pas pour qu’Airbnb réduise nos efforts à néant », souligne-t-il. Les propriétaires qui ne respectent pas cette nouvelle législation risquent une amende allant jusqu’à 100 000 euros.

Cette tension entre le marché locatif et les plateformes en ligne proposant des locations meublées aux vacanciers est forte dans de nombreuses villes touristiques, qui ont depuis des mois pris le problème à bras-le-corps. Sans compter que le développement de ces offres de logement alternatives empiète sur le marché hôtelier.

  • Paris

Avec environ 60 000 offres de logement, la capitale française est la première ville d’Airbnb dans le monde. Mais la municipalité entend veiller au respect de la législation, qui impose que les particuliers ne peuvent louer leur appartement que quatre mois par an. Depuis le mois d’avril, en vertu d’un accord inédit avec Airbnb, les propriétaires qui dépassent cette limite doivent recevoir un courriel de la plateforme leur rappelant cette réglementation.

Ceux qui veulent louer plus longtemps leur bien sont censés demander une autorisation de changement d’usage – le logement devient activité économique et non plus résidence principale – et « compenser » en offrant à la location traditionnelle une surface équivalente, dans le même arrondissement.

Paris effectue des contrôles pour faire la chasse aux locations illégales, vérifiant chaque année entre 400 et 500 appartements. Les contrevenants s’exposent à une amende de 25 000 euros par logement – une somme que Paris voudrait quadrupler. Les condamnations restent toutefois plutôt rares : il y en a eu vingt en 2014, représentant 560 000 euros d’amende.

Par ailleurs, depuis le 1er octobre, Airbnb collecte la taxe de séjour – 83 centimes par nuitée – et la reverse à la Ville de Paris.

  • Barcelone

Le gouvernement régional de Catalogne a légiféré à l’été 2015 pour mieux encadrer les locations sur les plateformes. Les propriétaires souhaitant louer leur logement aux touristes doivent s’acquitter d’une taxe de 65 centimes d’euros par nuit à Barcelone, 45 centimes hors de la ville. La location de logements entiers est interdite : deux chambres maximum peuvent être louées, en présence du propriétaire, quatre mois par an.

  • San Francisco

Airbnb a remporté une victoire importante, en novembre, dans la ville californienne où est née l’entreprise. Les habitants ont majoritairement voté « non » à un référendum sur un projet de durcissement des règles qui prévoyait de limiter les locations entre particuliers à 75 nuits par an contre 90 actuellement.

Fin 2014, San Francisco avait cependant adopté une « loi Airbnb » obligeant notamment les propriétaires souhaitant proposer leur logement à la location à payer un droit d’inscription de 50 dollars (44,30 euros), une assurance et une taxe de séjour de 14 % par nuitée.

  • New York

Depuis 2010, une loi interdit, à New York, la location d’un appartement pour moins de trente jours, sauf si son propriétaire s’est déclaré hôtelier ou s’il est présent le temps de la location. Airbnb a fait à plusieurs reprises le ménage dans ses annonces et supprimé des centaines d’offres illégales.

  • Des taxes collectées par Airbnb dans plusieurs zones

Comme à Paris, Airbnb collecte les taxes de séjour pour les reverser aux autorités dans plusieurs régions et villes. C’est le cas à Amsterdam, Lisbonne, Chamonix, Phoenix, San Diego et Malibu (Etats-Unis), mais aussi dans des Etats américains (Illinois, Floride, Alabama, Caroline du Nord, Oregon, etc.) et dans toute l’Inde.