Alexander Pinczowski. #EnMémoireBruxelles | D.R.

Un touche-à-tout, curieux du monde et infiniment doux. C’est ainsi que les proches d’Alexander Pinczowski décrivent ce Néerlandais de 29 ans, tué le 22 mars à l’aéroport de Bruxelles avec sa sœur, Sascha, 26 ans, alors qu’ils attendaient de s’enregistrer sur un vol pour New York, leur ville d’adoption. Au moment de l’explosion, Alexander était au téléphone avec ses parents, chez qui les deux enfants venaient de séjourner, dans la commune belge de Lanaken, à quelques kilomètres de Maastricht, aux Pays-Bas, la ville d’origine de leur père.

C’est là que se sont déroulées les obsèques d’Alexander et de Sascha, le 1er avril, dans une église bondée. La mairie de Maastricht a ouvert un livre de condoléances pour recueillir les nombreux témoignages de sympathie. Pourtant, ni Alexander ni Sascha, les seuls enfants du couple, ne connaissaient bien les Pays-Bas, où ils ont à peine vécu.

« Ils ne se sentaient pas vraiment néerlandais et se disaient plutôt citoyens du monde », raconte Edmond, leur père, tant ils ont déménagé d’un pays à l’autre tout au long de leur existence. Lui-même a des racines polonaises par son père, qui a émigré aux Pays-Bas. « Nous étions une famille nomade et nos enfants ont grandi dans des hôtels aux quatre coins du monde », dit Edmond en évoquant sa carrière dans les grandes chaînes d’hôtellerie (Hilton, Sheraton) qui les ont conduits de la Turquie au Nigeria. C’est même dans un avion, en route pour Nairobi, qu’il a rencontré son épouse, Marjan, une Néerlandaise originaire d’Indonésie, et hôtesse de l’air à KLM. Leur fils est né à Jérusalem.

« Un rêveur à l’intelligence pétillante »

Après la fin de ses études secondaires à l’école internationale de Francfort, en Allemagne, Alexander a, lui aussi, pris le large. D’abord à Londres, pour des études de relations internationales, dont il a décroché au bout de deux ans. « Il s’intéressait à tout, avait le nez en permanence collé dans un livre, mais il a toujours eu du mal à savoir ce qu’il voulait faire », relève son père. Sur les conseils de ses parents, il part ensuite étudier à New York, mais sans plus de succès.

Toutefois, Alexander accroche tout de suite avec les Etats-Unis, pays aux origines multiples, comme les siennes. C’est là qu’il rencontre Cameron, une fille de la Caroline du Nord, qu’il épouse, en secret, en 2013. Ce n’est qu’au lendemain des attentats de Bruxelles qu’elle avouera son mariage à ses parents, accourus à New York pour la soutenir.

Alexander avait pourtant été adopté par sa famille depuis longtemps. Ils avaient même passé le dernier Noël ensemble. « Apprendre, ce jour-là, qu’Alexander était mon gendre était le seul rayon de lumière dans ces journées sombres », se souvient James Cain, le père de Cameron, ancien ambassadeur des Etats-Unis au Danemark. Alexander, dit-il, était « un rêveur à l’intelligence pétillante », avec un éclectisme entrepreneurial très américain. Le dernier projet dont il avait parlé à son beau-père en témoigne : passer le concours de la NASA pour devenir astronaute.