Lutz Bachmann, le 3 mai. | POOL / REUTERS

Le fondateur du mouvement islamophobe allemand des Patriotes européens contre l’islamisation de l’Occident (Pegida), Lutz Bachmann, a été condamné mardi 3 mai à 9 600 euros d’amende par un tribunal de Dresde pour avoir comparé les réfugiés à du « bétail ».

Déjà condamné pour braquages, violences et trafic de cocaïne, Lutz Bachmann, 43 ans, a été reconnu coupable d’« incitation à la haine » pour des propos mis en ligne en septembre 2014 sur sa page Facebook, décrivant les « réfugiés de guerre » comme du « bétail » ou de la « racaille ».

Le juge Hans Hlavka a estimé qu’il était « clair » que M. Bachmann était à l’origine de ces propos tenus sur le réseau social et que ces insultes ne pouvaient pas relever de la liberté d’expression.

A l’énoncé de la décision de justice, des partisans de Pegida ont bruyamment manifesté leur insatisfaction au point que certains ont été conduits vers la porte de sortie. La défense, qui avait demandé la relaxe de l’accusé, a d’ores et déjà décidé de faire appel du jugement.

« Aveu de culpabilité clair »

Le parquet, qui avait réclamé sept ans de prison, s’est également réservé ce droit. Lors de l’ouverture de son procès, le 19 avril, son avocate avait assuré que ces messages n’avaient pas été écrits par lui, rappelant qu’il était aisé de « pirater une page Facebook ». Elle avait accusé la presse d’avoir « déjà condamné » son client.

En janvier 2015, une vidéo montrait pourtant Lutz Bachmann revenir au micro sur cette affaire, déclarant qu’il avait « utilisé des mots que chacun a utilisés au moins une fois ». C’est « un aveu de culpabilité clair », a souligné la cour en justifiant sa décision.

Pegida a été lancé à l’automne 2014 à Dresde. Mais après avoir tenté d’essaimer dans toute l’Allemagne et chez ses voisins, le mouvement a subi un coup d’arrêt avec la publication par le journal Bild de photos de Lutz Bachmann grimé en Adolf Hitler, puis l’implosion de sa direction.

Condamné pour braquages, violences et trafic de cocaïne, Lutz Bachmann avait été détenu quatorze mois en Allemagne après s’être enfui en Afrique du Sud. Malgré un sursaut à l’automne dernier, le mouvement Pegida n’a pas renoué avec ses sommets de mobilisation dans la rue et reste principalement cantonné à Dresde, la capitale de l’Etat régional de Saxe, en ex-RDA, théâtre de nombreuses agressions envers les réfugiés.