Amazon a réalisé un résultat net de 482 millions de dollars (440 millions d’euros) entre octobre et décembre, tandis que le chiffre d’affaires a bondi de 22 % à 35,75 milliards de dollars (32,7 milliards d’euros). | PHILIPPE HUGUEN / AFP

La Bourse a fait la fine bouche, jeudi 28 janvier, devant les résultats d’Amazon, alors que le géant du commerce électronique a publié son meilleur trimestre en termes de bénéfices depuis sa création, il y a dix-neuf ans. Dans les échanges après Bourse, l’action dégringolait de 13 %, à 555 dollars (508 euros environ).

Amazon a réalisé un résultat net de 482 millions de dollars (440 millions d’euros) entre octobre et décembre, tandis que le chiffre d’affaires a bondi de 22 %, à 35,75 milliards de dollars (32,7 milliards d’euros). Malgré tout, ces résultats sont en dessous des attentes des analystes, qui tablaient sur un bénéfice de 742 millions (678 millions d’euros), soit 1,55 dollar par action, contre 1 dollar finalement publié. Le fait qu’Amazon soit capable de générer une telle progression de chiffre d’affaires, et que les bénéfices ne soient pas plus spectaculaires, a laissé les analystes dubitatifs.

Ces derniers sont en effet très attentifs à la façon dont Jeff Bezos, le président-directeur général d’Amazon, pilote l’équilibre entre les recettes et les investissements, qui restent intensifs. Or ceux-là ont augmenté quasi dans les mêmes proportions que le chiffre d’affaires, avec une hausse de 21 %, à 34,6 milliards (31,6 milliards d’euros). Le groupe cherche à accélérer son développement en dehors des Etats-Unis, mais également à innover en permanence. La rentabilité est « évidemment encore faible », note Neil Saunders, le patron de Conlumino, un cabinet spécialisé sur la distribution, tout en reconnaissant qu’il s’agit d’une « décision délibérée » pour explorer les futures opportunités de croissance.

Maintenir son rythme de croissance

Même si les anticipations de Wall Street ont déçu, il faut tout même noter la progression à deux chiffres du chiffre d’affaires, alors que l’ensemble du secteur de la distribution a connu une saison des fêtes assez terne. Walmart est en train de fermer plus de 154 magasins aux Etats-Unis, les ventes de Macy’s ont baissé de 4,7 % sur les deux derniers mois de 2015, et celles de Gap, de 5 %. Les deux enseignes ont également prévu des fermetures de magasins. Même tendance chez Best Buy, le leader des produits électroniques, avec un recul de 1,2 %. Même eBay a été à la peine cet hiver.

Dans cet environnement compliqué, Amazon démontre donc sa capacité à maintenir son rythme de croissance. « C’est l’un des grands gagnants de cette saison des fêtes », reconnaît M. Saunders, notant que sa part de marché dans le commerce en ligne atteint désormais 22,6 %. Sur l’ensemble de l’année, le groupe dépasse pour la première fois les 100 milliards de dollars de chiffre d’affaires à 107 milliards (97,8 milliards d’euros). Un seuil que Walmart avait mis trente-cinq ans à atteindre.

Dans le même temps, ce dernier trimestre 2015 constituait un test intéressant. La question était de savoir comment réagiraient les clients après la période de promotion intensive lancée par le groupe en juillet. Par ailleurs, il s’agissait de regarder l’impact de la généralisation du service de livraison le jour même, qui est désormais déployé dans l’ensemble des grandes villes américaines.

Amazon Web Services, division prometteuse

Dans le même temps, son service d’abonnement, Amazon Prime, connaît une forte progression. Le groupe ne communique pas de chiffres précis, mais selon le cabinet Consumer Intelligence Research Partners, il compterait désormais 54 millions de souscripteurs, qui ont accès à une livraison en quarante-huit heures, à l’ensemble des films et de la musique disponibles en streaming sur sa plateforme ainsi qu’à des capacités de stockage, le tout pour 99 dollars par an (90 euros). Cela représente une hausse du nombre d’abonnés de 51 % par rapport à l’année dernière. Or, comme le souligne le cabinet, le panier annuel moyen dépensé par ces clients fidèles représente quasiment le double des clients ordinaires.

L’autre bonne nouvelle est venue de son activité de services, Amazon Web Services, spécialisée dans l’informatique dématérialisée (cloud computing), qui a progressé de 69 % par rapport à la même période de l’an dernier à 2,4 milliards de dollars. Cela représente encore une petite part du chiffre d’affaires, mais la division est très prometteuse en termes de bénéfices. Ceux-ci se sont élevés à 687 millions (628 millions d’euros) contre 240 millions (219 millions d’euros) sur la même période de l’année précédente. En l’espace d’un an, la marge opérationnelle réalisée dans ce domaine est passée de 17 % à 29 %.