Arnaud Lagardère, le 3 mai, lors de l'Assemblée générale du groupe. | BENOÎT TESSIER/REUTERS

Arnaud Lagardère, le patron du groupe qui détient, entre autres, Paris Match, Europe 1 et Elle, n’est jamais là où l’on attend. Si les administrateurs de son entreprise s’impatientent parfois pour commencer un conseil d’administration, il a été fidèle au rendez-vous de l’animateur Michel Denisot pour son nouveau numéro de « Conversation secrète » où, à travers une longue déambulation à pied dans Paris, il se livre sans détours.

Quelle que soit la rue que les deux hommes empruntent, l’ombre tutélaire de Jean-Luc Lagardère, le père visionnaire et charismatique, plane toujours au-dessus d’Arnaud, longtemps surnommé « Junior » par les collaborateurs de son père.

Le choix du père

Il lui en a fallu du temps pour s’émanciper et qu’il arrive à dire « Jean-Luc » et non plus « Papa », explique t-il. La mort brutale de son père en 2003 l’obligera à franchir le pas et prendre les rênes de cet empire médiatique. « La chance ce n’est pas d’avoir été son fils au sens administratif, mais c’est d’avoir été son fils, tout court », lâche t-il en visitant Europe 1, puis le bureau de son père, presque resté intact, rue de Presbourg, le siège historique du groupe.

Dans une séquence émotion, pour la première fois, l’homme public que l’on ne voit jamais dans les médias, dévoile l’homme privé en évoquant pudiquement la rupture avec sa mère, au lendemain du divorce de ses parents. Une femme qu’il a perdue de vue à l’âge de 11 ans pour rester avec son père et sa nouvelle femme Betty qui, aux yeux d’Arnaud, a le plus grand mérite d’avoir rendu son père « heureux ».

« Ce n’est pas grave de faire une erreur, mais il ne faut pas faire deux fois la même » Arnaud Lagardère

Tout au long de cet entretien, on pourrait y voir l’opération séduction d’un grand patron qui se lâche pour se (re) construire une image devenue désastreuse après son mariage et la communication autour de Jade, sa nouvelle femme. Mais, petit à petit, on découvre un Arnaud Lagardère combatif qui, selon son expression, « n’est pas dans les codes de la profession ». Il ajoute fièrement « être atypique et sans complexes » et « assume ne pas être très adroit ». Il dénonce aussi « les officines » qui, payées grassement, propagent de fausses rumeurs pour le déstabiliser dans ses affaires. « Je me sens très différent », martèle-t-il.

Proche de Nicolas Sarkozy

Pour ses affaires, il reconnaît quelques erreurs. « Ce n’est pas grave de faire une erreur, mais il ne faut pas faire deux fois la même », dit-il, en rappelant cette phrase apprise de son père. Ainsi, assume-t-il la sortie d’EADS, « un changement stratégique » pour investir dans les médias, et reconnaît les erreurs de son père dans l’achat de La Cinq qui a été obligée de fermer. « Dans ce dossier, Il y a eu de nombreuses trahisons politiques », pointe t-il sans nommer personne.

D’ailleurs, côté politique, il revendique sa proximité avec Nicolas Sarkozy qui fut « comme un frère » à la mort de son père et, sans s’engager, avoue souhaiter « un match retour » entre François Hollande et Nicolas Sarkozy pour la présidentielle de 2017. En tout cas, il ne veut pas voir Marie Le Pen, la présidente du Front National, au second tour. « Ce serait une mauvaise nouvelle pour la démocratie », dit-il.

« Conversation secrète », animé par Michel Denisot. Mardi 3 mai, à 22 h 50, sur Canal+.