Dans son intervention d’un peu plus d’une heure, sans effets oratoires, Philippe Martinez s’en est pris à ceux qui veulent « enterrer la CGT ». | BERTRAND LANGLOIS / AFP

Le 51e congrès de la Confédération générale du travail (CGT), qui se déroule à Marseille jusqu’à vendredi, s’est ouvert, lundi 18 avril dans une ambiance survoltée. Peu après la fin de l’intervention d’ouverture de Philippe Martinez, le secrétaire général, la lecture de la liste des invités a donné lieu à un beau chahut. Lorsque le nom de Thierry Lepaon, présent un peu à l’écart de deux autres anciens secrétaires généraux, Bernard Thibault et Louis Viannet, a été prononcé, il a été copieusement hué.

Cet incident démontre que la crise qui a obligé M. Lepaon à démissionner, en janvier 2015, à la suite d’affaires mettant en cause son train de vie, est loin d’être surmontée. Si la présence de Jean-Luc Mélenchon a été saluée par des applaudissements mesurés, Philippe Antoine, le représentant de la Confédération française démocratique du travail (CFDT), a lui aussi été sifflé. Mais c’est surtout la délégation du Parti socialiste, conduite par Jean Grosset, conseiller social de Jean-Christophe Cambadélis, le premier secrétaire du parti, qui a soulevé un long tonnerre de protestations, le slogan « retrait de la loi El Khomri » prenant la suite des huées et des sifflets.

Dans son intervention d’un peu plus d’une heure, sans effets oratoires, M. Martinez s’en est pris à ceux qui veulent « enterrer la CGT » à la faveur de sa crise, et l’insultent en la comparant au Front national, à « un dinosaure » ou à « un soviet ». « Cela prouve que nous sommes bien présents et vivants car on ne tire pas sur les morts, a estimé le secrétaire général. La CGT est bien présente dans le paysage syndical français. C’est la première organisation syndicale de notre pays et elle entend bien le rester. » Une allusion à la prochaine mesure de représentativité, en 2017, qui devrait placer la CFDT devant la CGT.

« Sarkozy en rêvait, Hollande veut le faire »

M. Martinez a réservé nombre de ses coups à François Hollande, sans que le nom du président de la République ne suscite de réactions parmi les mille délégués : « Fini le temps des promesses du candidat Hollande qui voulait s’attaquer au monde de la finance et aux inégalités ; qui voulait que le quinquennat soit celui de la lutte contre le chômage et placé sous le signe de la jeunesse. (…) Le gouvernement actuel, a-t-il asséné, prolonge et amplifie ce que faisait celui de Nicolas Sarkozy. »

Sans surprise, il a dénoncé le projet de réforme du code du travail, rappelant que de nouvelles mobilisations sont prévues pour le 28 avril et lors du défilé du 1er-Mai, pour en obtenir le retrait : « Hollande et Valls nous proposent un retour au XIXe siècle. Sarkozy en rêvait, Hollande veut le faire. »

M. Martinez a souligné que la CGT a combattu « sans réserve » l’ensemble des lois sociales du gouvernement. Rappelant son opposition à l’état d’urgence, il a fustigé les déclarations « belliqueuses » du chef de l’Etat : « François Hollande se présente en chef de guerre, en espérant ainsi redorer son blason sur le plan national, en reprenant le flambeau de Bush père et fils, de Poutine et de Nétanyahou. »

Le secrétaire général de la CGT a aussi affirmé que la centrale ne pouvait pas « se cantonner à la seule contestation » : « Oui, nous avons des propositions modernes. Nous sommes modernes parce que notre conception de la réforme, c’est le progrès social et non l’accompagnement du capital. » Une pierre dans le jardin de la CFDT avant qu’il ne défende la revendication, qu’il porte un peu seul, de la semaine de trente-deux heures. Elle permettrait, a-t-il assuré, de créer plusieurs centaines de milliers d’emplois.