John Chen, président-directeur général de BlackBerry, présente le smartphone Z3, lors d’une cérémonie à Djakarta. | ADEK BERRY / AFP

Tel le phénix, Blackberry renaîtra-t-il de ses cendres ? C’est en tout cas ce qu’espère le fabricant canadien de smartphones, qui, pour faire face à l’incendie des dernières années, mise sur le développement des services à destination des entreprises.

« Il y a beaucoup de travail à faire au sein de BlackBerry par tout le monde. John [Chen, le président-directeur général] a clairement dit que l’activité de logiciel était la clé de notre redressement. Je touche du bois, la stratégie fonctionne », a estimé Carl Wiese, l’un des hauts cadres de la firme de Waterloo (Ontario), chargé des ventes du groupe, lors d’un passage à Paris, mercredi 20 avril. Cet ancien de Cisco, également passé par Apple et Texas Instrument, a été appelé à la rescousse en 2015 pour mettre sur les rails la nouvelle stratégie commerciale de l’entreprise.

Prêt à collaborer sur l’accès aux données

La part de marché de l’ex-star de la téléphonie mobile s’établit aujourd’hui difficilement à 0,2 %, contre 19,9 % à son apogée, en 2009. Pas assez réactif face à ses rivaux sur le marché, Apple et Samsung, BlackBerry a finalement décroché. Son dernier smartphone, le Priv, commercialisé à la fin d’octobre, s’est écoulé à seulement 600 000 exemplaires dans le monde.

Le canadien est-il pour autant prêt à faire une croix sur la fabrication de smartphones ? « John Chen a annoncé que nous allions sortir deux nouveaux téléphones, donc il y en a d’autres de prévus. Mais je n’ai pas d’autres commentaires à faire sur le sujet pour l’instant », a dit M. Wiese, peu disert. Ces deux nouveaux appareils, milieu de gamme et qui fonctionneront avec le système d’exploitation Android de Google, devraient être dévoilés dans l’année.

Sur la question du chiffrement des smartphones, récemment mise en lumière par l’affaire judiciaire entre Apple et le FBI, Carl Wiese reste également sobre, réaffirmant simplement les propos tenus il y a quelques jours par son président-directeur général : « Nous avons une position très claire concernant le respect de la vie privée, mais nous voulons aussi nous comporter en bons citoyens. Nous continuerons donc à collaborer sur les demandes légales d’accès aux données », a-t-il expliqué. Il précise toutefois qu’il faut faire la distinction entre l’application BlackBerry Messenger, destinée à ses téléphones grand public, et la messagerie à destination des entreprises et des gouvernements, qui reste selon BlackBerry impénétrable.

Les logiciels et l’Internet des objets pour redresser la barre

Alors que 2015 a été pour l’entreprise une nouvelle année difficile sur le plan financier, avec une perte nette de 208 millions de dollars (184 millions d’euros), la firme de Waterloo mise désormais sur son activité logiciels pour renouer avec les bénéfices. De fait, ce segment, qui représente aujourd’hui presque un tiers des ventes de la firme, connaît une croissance fulgurante. En 2015, elle a progressé de 113 %, pour atteindre 527 millions de dollars (466 millions d’euros). « Nous voulons faire mieux et plus vite que nos concurrents sur ce segment », note M. Wiese.

La société canadienne s’intéresse également à l’Internet des objets (Internet of things), notamment dans l’automobile. Sa plate-forme logicielle QNX, destinée aux voitures connectées, équipe déjà plus de 60 millions d’entre elles et détient la moitié du marché de l’automobile.

Une nouvelle plate-forme, Blackberry Radar, à destination des compagnies de transport, devrait aussi prochainement voir le jour. Elle permettra de relever une multitude d’informations sur les camions porte-conteneurs, pour aider les compagnies de transports à optimiser les trajets.