Le directeur général de BP, Bob Dudley, en février 2011 à Londres. | REUTERS PHOTOGRAPHER / REUTERS

Près de 60 % des actionnaires de BP se sont prononcés contre une hausse de rémunération de 20 % du directeur général du groupe, jugée malvenue en ces temps de vaches maigres dans l’industrie pétrolière. La rémunération totale de Bob Dudley doit passer de 16,4 à 19,6 millions de dollars en 2015.

Même si cet avis n’est que consultatif, son caractère négatif, une rareté dans les cercles d’actionnaires, constitue une gifle pour la direction de BP, qui avait défendu jusqu’au bout le bien-fondé de cette augmentation.

Les appels à repenser cette généreuse hausse s’étaient multipliés ces derniers jours, y compris chez de puissants actionnaires comme Aberdeen Asset Management, qui goûtent peu cette largesse dispensée au moment où la compagnie se serre la ceinture face au plongeon des cours du brut.

En ouverture de l’assemblée générale, le président de BP, Carl-Henric Svanberg, avait promis une réforme du mode de rémunération des dirigeants du géant britannique, tout en confirmant l’augmentation accordée cette fois.

Revalorisation votée par les actionnaires, en 2014

Le principe de cette revalorisation avait pourtant été voté en 2014 par les actionnaires eux-mêmes à l’occasion d’un vote, contraignant cette fois, organisé tous les trois ans sur la politique de rémunération de l’entreprise. Mais à cette époque, le baril s’échangeait alors au-dessus de 100 dollars contre une quarantaine de dollars actuellement.

Amorcée en juin 2014, la chute des cours a entraîné un net repli du cours de l’action BP, tombée de quelque 500 pence alors à guère plus de 350 aujourd’hui. Elle a aussi et surtout poussé ce géant pétrolier à multiplier les mesures de restructuration, comme la suppression de 4 000 postes cette année dans la partie « amont » (exploration, production) et 3 000 de plus d’ici à la fin de 2017 dans l’« aval » (raffinage, distribution). En 2015, BP a subi une perte nette abyssale de 6,5 milliards de dollars.

A la suite de la révolte de ses actionnaires, le géant pétrolier a vu son titre terminer en baisse à la Bourse de Londres, de 1,89 % à 358,55 pence.