Yves Michel Fotso, ancien patron de la compagnie aérienne Camair, a « écopé de la peine de prison à perpétuité » pour le détournement de 32,4 milliards de francs CFA soit près de 49 millions d’euros. C’est ce qu’a rapporté à l’AFP, mardi 26 avril, une source proche du Tribunal criminel spécial (TCS), créé pour juger les auteurs présumés de corruption à grande échelle.

Selon cette dernière, lorsqu’il dirigeait la Camair (2000-2003), Yves Michel Fotso avait créé trois « sociétés écran » à travers lesquelles il louait à la compagnie aérienne des avions pourtant achetés avec des fonds publics du Cameroun.

Les juges ont aussi retenu contre lui le fait d’avoir effectué des retraits frauduleux sur un compte de la Camair enregistré à la Commercial Bank of Cameroon (CBC).

Yves Michel Fotso a toujours clamé son innocence. En février, ses avocats avaient même décidé de boycotter les audiences du TCS, dénonçant des vices de procédures. L’intéressé était donc absent lors de l’audience durant laquelle a été annoncée sa peine.

D’autres malversations présumées

En 2000, le président Paul Biya avait fait appel à Yves Michel Fotso, fils du richissime homme d’affaires Victor Fotso, pour redresser la compagnie aérienne Camair, mais la justice estime qu’il en a profité pour s’enrichir personnellement. Le gouvernement camerounais a mis en liquidation la Camair en 2005, avant de lancer la Camair-Co, qui reste confrontée à de très grosses difficultés financières.

Incarcéré depuis décembre 2010, il est empêtré dans de nombreux scandales concernant sa gestion de la Camair. En septembre 2012, il avait été condamné à 25 ans de prison, en même temps qu’un ancien secrétaire général de la présidence camerounaise, Marafa Hamidou Yaya, après avoir été reconnu coupable du détournement de 29 millions de dollars (25 millions d’euros) déboursés en 2001 par le Cameroun pour l’achat manqué d’un avion présidentiel.

En janvier 2013, des charges le visant pour des détournements de fonds virés par l’ex-compagnie nationale au profit de l’Autorité aéronautique avaient été abandonnées après le remboursement des 230 millions de francs CFA (350 000 euros) qui lui était imputés. Mais il reste poursuivi devant le TCS pour d’autres malversations présumées.

L’homme d’affaires est une des victimes de la campagne anti-corruption « Épervier » lancée en 2006 sous la pression des bailleurs de fonds et qui a déjà abouti à l’arrestation de nombreuses personnalités, dont d’anciens ministres et dirigeants d’entreprises publiques.