Le pape François montre un dessin réalisé par un enfant dans l'avion qui a ramené douze réfugiés syriens au Vatican. | Filippo Monteforte / AP

« Les émigrants, avant d’être des numéros, sont des personnes, des visages, des noms, des histoires », a déclaré le pape François devant des habitants de Mytilène, sur l’île grecque de Lesbos, samedi 16 avril en début d’après-midi. Une heure plus tard, douze personnes avec des visages, des noms, des histoires, sont montées à bord de l’avion qui le ramenait à Rome. Trois familles de réfugiés syriens musulmans, comptant six mineurs âgés de deux à dix-sept ans, sont aujourd’hui les « hôtes du Vatican ». Comme à son habitude, le pontife argentin a répondu dans l’avion du retour aux questions des journalistes. Voici l’essentiel de ses réponses.

  • Pourquoi ce voyage ?

« Ça a été une inspiration, il y a une semaine, de l’un de mes collaborateurs. J’ai accepté tout de suite, tout de suite. Ce que j’ai vu aujourd’hui au camp de réfugiés était à pleurer. J’inviterais les trafiquant d’armes à passer une journée dans ce camp. Je crois que pour eux ce serait salutaire. »

  • Pourquoi ces trois familles ?

« Tout a été fait dans les règles. Ils ont des papiers. Les trois gouvernements [Vatican, Italie, Grèce] ont donné leur accord. Ce sont des hôtes du Vatican. Je n’ai pas fait de choix entre chrétiens et musulmans. Ces trois familles avaient les papiers en règle. Ce n’est pas un privilège. Tous les douze sont enfants de Dieu. »

  • Pourquoi ce geste ?

« Je répondrais en citant mère Teresa. On lui demandait pourquoi elle faisait autant d’efforts pour aider les gens à mourir. Elle a répondu : C’est une goutte dans la mer, mais après cette goutte, la mer ne sera plus la même. C’est un petit geste, de ces petits gestes que nous devons tous faire. Tendre la main à qui en a besoin. »

  • Quelle doit-être la politique européenne ?

« Il y a un mot qui dans notre culture semblait avoir été oublié après la guerre : aujourd’hui il existe des ghettos. Et certains des terroristes sont fils et petits-fils de personnes nées en Europe. Que s’est-il passé ? Il n’y a pas eu de politique d’intégration. Et cela pour moi c’est fondamental. Aujourd’hui l’Europe doit retrouver cette capacité, qu’elle a toujours eue, à intégrer. Cela a enrichi sa culture. Nous avons besoin d’une éducation à l’intégration. Je comprends que les peuples aient une certaine peur. Nous devons être très responsables dans l’accueil. Comment s’intègrent ces gens ? Construire des murs n’est pas une solution. Nous devons faire des ponts, mais ceux-ci se font de façon intelligente, avec le dialogue. Fermer les frontières ne résout rien. A la longue cela fait mal au peuple qui le fait. L’Europe doit faire très vite des politiques d’intégration, de croissance, du travail, de réforme de l’économie. Toutes ces choses sont des ponts qui permettront de ne pas faire de murs. »