Magasin Darty de Lampertheim (Bas-Rhin). | VINCENT KESSLER / REUTERS

Conforama a annoncé, mercredi 20 avril, avoir relevé de 10,4 % son offre publique d’achat (OPA) sur les magasins d’électroménager Darty, proposant désormais 138 pence par action au lieu de 125. L’offre valorise désormais la société ciblée à environ 742 millions de livres (943 millions d’euros). Conforama a par ailleurs prolongé son opération jusqu’au 10 juin.

Le groupe d’ameublement a reconnu à cette occasion qu’il n’avait recueilli que 0,2 % du capital de Darty depuis le 11 avril, jour de l’ouverture de son OPA, mais il a précisé que Steinhoff, sa maison mère sud-africaine, avait acquis, mercredi, un paquet représentant 19,5 % du capital de la cible à 138 pence par action.

Monnaie sonnante et trébuchante

Or le droit boursier britannique – Darty est coté à la Bourse de Londres – impose que le prix d’une OPA soit aligné, s’il y a eu des acquisitions de gré à gré, à un prix supérieur par son initiateur.

Les administrateurs de Darty et de Conforama avaient annoncé, le 18 mars, avoir « trouvé un accord » en vue de leur rapprochement. Au grand dam de la Fnac, qui, en novembre 2015, avait obtenu l’accord du conseil de Darty pour un rachat lors d’une opération combinant échange d’actions et versements en liquide.

L’argument de la monnaie sonnante et trébuchante a clairement résonné à l’oreille d’Alan Parker, le président du conseil d’administration de Darty. Ce dernier a pointé, bien qu’elle soit maigre, « la prime que constitu [ait] l’offre de Steinhoff ». La Fnac se retrouvait hors jeu.

A la tête d’une trésorerie nette de 1,5 milliard d’euros, le groupe sud-africain dispose de toute la puissance de feu nécessaire pour s’emparer de Darty et de ses 3,5 milliards d’euros d’activité.

Complémentarité

Mais le cash n’est pas le seul argument du projet, plaide Conforama. Tout tiendrait aussi à « la qualité de l’offre et au projet industriel », souligne Alexandre Nodale, son PDG. Il « s’agit d’assurer un développement de Darty en l’adossant à Conforama et à sa maison mère Steinhoff, avec des moyens (…) ».

Le spécialiste du meuble réalise près de 40 % de son activité (3,2 milliards d’euros) avec la vente de télévisions, de lave-vaisselle et d’autres appareils électroménagers, spécialités de Darty. Mais ses 204 magasins sont surtout situés dans des zones commerciales de périphérie, loin des Darty présents surtout en centre-ville et en centre commercial.

« Les deux sont très complémentaires par l’implantation géographique de leur réseau et de leur offre. Avec peu de risques de chevauchement », résume Laurence-Anne Parent, directrice associée du cabinet de conseil Advancy. Dès lors, Steinhoff s’expose peu aux foudres de l’Autorité de la concurrence.

Steinhoff joue aussi la carte sociale. Il n’entend pas toucher aux effectifs pour réduire le coût de fonctionnement de l’enseigne, manière de rassurer les salariés de Darty alors que le projet de la Fnac avait pour objectif de dégager « 85 millions d’euros de synergies ».