Des réfugiés à Spielfeld (Autriche) le 22 octobre 2015. | Rene Gomolj / AFP

Le Parlement autrichien examine mercredi 27 avril un projet de loi limitant drastiquement le droit d’asile pour les réfugiés. Le texte introduit notamment la possibilité de proclamer un « état d’urgence » migratoire si les services de l’Etat sont jugés « dépassés ».

Sous ce régime, tous les demandeurs d’asile, y compris les Syriens et les Irakiens, seront refoulés aux frontières, à moins de prouver qu’ils sont persécutés par le pays d’où ils arrivent, par exemple l’Italie. Elaboré depuis plusieurs mois, malgré les critiques des ONG, des Eglises et de l’opposition écologiste et libérale, le texte prévoit également de limiter à trois ans l’octroi initial du droit d’asile et restreint le regroupement familial pour les bénéficiaires de la protection subsidiaire, notamment les Afghans.

« Nous ne pouvons pas accueillir toute la misère du monde », s’est justifié le ministre de l’intérieur, Wolfgang Sobotka, assurant que le gouvernement n’agissait « pas par plaisir, mais parce que d’autres pays ne font pas leur travail » en matière de contrôles des migrants.

Montée de l’extrême droite

Située au croisement des deux principales routes migratoires en Europe – via les Balkans et l’Italie – l’Autriche a vu transiter plusieurs centaines de milliers de réfugiés l’an passé. Elle en a accueilli 90 000, soit plus de 1 % de sa population, dépassée seulement par la Suède au sein de l’Union européenne. Pour 2016, Vienne s’est fixé un plafond de 37 500 demandeurs d’asile supplémentaires, assurant que ses capacités d’intégration arrivent à saturation.

Pour arriver à ses fins, le gouvernement autrichien souhaite construire d’ici à juin des dispositifs de filtrage des migrants à ses frontières italienne et hongroise, à l’image de celui mis en place cet hiver à sa frontière slovène.

Confrontée à la montée du parti d’extrême droite FPÖ, la grande coalition gouvernementale du chancelier social-démocrate Werner Faymann et du vice-chancelier conservateur Reinhold Mitterlehner a fortement durci sa politique migratoire ces derniers mois.

L’examen de ce texte controversé intervient en effet quelques jours après l’arrivée en tête au premier tour de l’élection présidentielle du candidat d’extrême droite, Norbert Hofert, qui a recueilli 35 % des voix.