Au moins 345 cas de torture et mauvais traitements ont été enregistrés cette année au Burundi, soit près de 600 sur les douze derniers mois, a indiqué l’ONU, lundi 18 avril. L’organisation regrette le recours « généralisé » à ces pratiques par les forces de sécurité gouvernementales, qui agissent en « totale impunité ».

« En plus des rapports sur la torture et les mauvais traitements dans les lieux de détention officiels, je suis profondément préoccupé par des informations sur l’existence de lieux de détention secrets à travers le pays », a affirmé le haut-commissaire de l’ONU aux droits de l’homme, Zeid Ra’ad Al Hussein.

D’après le haut-commissaire, ces tortures ont lieu pendant l’arrestation et la détention, notamment dans les locaux du Service national de renseignement (SNR), de la police et, dans une moindre mesure, de l’armée.

Lors d’une visite par une équipe du Haut-Commissariat dans les locaux du SNR à Bujumbura, la semaine passée, 30 des 67 personnes détenues présentaient des signes de torture physique. Plusieurs cas de mauvais traitements et de torture ont aussi été rapportés dans des postes de police, en particulier ceux situés dans les quartiers de Citiboke et Musaga, à Bujumbura, et dans le camp militaire de Mutakura, toujours selon l’ONU.

Le haut-commissaire a noté que l’utilisation de la torture et des mauvais traitements était également répandue en dehors de la capitale.

Les Tutsi « particulièrement pris pour cible »

Il dit par ailleurs avoir reçu des « informations persistantes » sur des arrestations, tortures, disparitions forcées et assassinats de certains membres de la police et de l’armée par d’autres membres des forces gouvernementales. Les membres et officiers des anciennes Forces armées burundaises, aussi connues sous le nom d’ex-FAB et à prédominance tutsi, « semblent être particulièrement pris pour cible », selon M. Zeid Ra’ad Al Hussein.

Le Burundi est plongé depuis près d’un an dans une crise politique profonde, née de la volonté du président Pierre Nkurunziza de se maintenir au pouvoir pour un troisième mandat, qu’il a obtenu en juillet dernier.