La présidente brésilienne Dilma Rousseff à Brasilia, le 15 avril. | UESLEI MARCELINO / REUTERS

« L’accusation contre moi [...] est la plus grande fraude juridique et politique dans l’histoire du pays », a affirmé samedi 16 avril la présidente brésilienne, Dilma Rousseff, dans une offensive de la dernière chance avant le vote crucial prévu dimanche sur sa destitution.

Dans une tribune publiée samedi par le quotidien Folha de S. Paulo, elle accuse directement ceux qui conduisent la procédure de destitution de chercher à prendre le pouvoir pour échapper aux accusations de corruption qui pèsent sur eux. « Ils veulent condamner une innocente et sauvent des corrompus. [...] Quelle est leur légitimité ? » s’interroge Mme Rousseff qui, ces derniers jours, a accusé son vice-président, Michel Temer (son successeur en cas de destitution), et le président de la chambre des députés, Eduardo Cunha, d’être « le chef et le sous-chef » de la conspiration contre elle.

De quoi sont-ils accusés ?

  • Dilma Rousseff est accusée par l’opposition de maquillage des comptes publics en 2014, année de sa réélection, et début 2015, mais pas de corruption.
  • Michel Temer, dirigeant du parti centriste PMDB qui a lâché la majorité fin mars, a été cité par des inculpés du dossier Petrobras dans de sombres histoires de ventes illégales d’éthanol, qu’il réfute.
  • Eduardo Cunha, un député du PMDB ultraconservateur, adepte d’une église évangélique néo-pentecôtiste, est inculpé pour « corruption et blanchiment d’argent » dans le cadre du scandale Petrobras.

De plus, sur les 65 membres de la Commission spéciale qui a recommandé de voter « pour l’impeachment », 36 sont inculpés ou ont déjà été condamnés.

Un marathon parlementaire jusqu’à dimanche

Dans une vidéo diffusée à l’aube par son Parti des travailleurs (gauche), elle a également appelé les « Brésiliens à suivre avec attention les événements » mais « surtout dans le calme et la paix ». Pour sa propre défense, elle a brandi la menace que ferait peser son éviction sur les programmes sociaux et la défense de la démocratie brésilienne. Les députés de son camp et des formations d’extrême gauche ont accusé leurs rivaux conservateurs de fomenter un « coup d’Etat » institutionnel pour s’emparer du pouvoir qu’ils n’ont pu conquérir dans les urnes en 2014.

Tout au long de la journée de samedi, Mme Rousseff devait mener les ultimes négociations politiques avant le vote de dimanche, point d’orgue d’un marathon parlementaire de trois jours, au cours duquel chacun des parlementaires doit s’exprimer trois minutes à la tribune. Pour approuver la destitution, une majorité des deux tiers de la chambre basse (342 députés) est nécessaire, avant la transmission au Sénat pour approbation définitive.

Lire le recueil de tribunes : Faut-il destituer Dilma Rousseff ?