Eoliennes près de Nairobi (Kenya), en octobre 2010. | TONY KARUMBA / AFP

Au lendemain de la conférence sur le climat de Paris (COP21), l’Agence internationale pour les énergies renouvelables (Irena) avait publié, en janvier, un rapport en forme d’appel à la mobilisation générale. Il établissait qu’à l’échelle de la planète le doublement de la part des filières vertes dans le bouquet énergétique, d’ici à 2030, aurait pour effet une hausse du PIB mondial comprise entre 0,6 % et 1,1 %, soit un gain de croissance de 700 à 1 300 milliards de dollars (de 630 à 1 170 miliards d’euros) par an. Cela, tout en générant plus de 24 millions d’emplois.

L’Irena poursuit sur sa lancée, avec un nouveau rapport, Roadmap for a Renewable Energy Future, présenté jeudi 17 mars à Berlin, dans le cadre d’une conférence internationale sur la transition énergétique. Il conclut que porter de 18 % (chiffre de 2014) à 36 % la part des filières alternatives dans la consommation totale d’énergie, à l’horizon 2030, nécessiterait un investissement certes important, estimé à une moyenne annuelle de près de 700 milliards d’euros. Cela entraînerait un renchérissement significatif du coût du système énergétique mondial, de l’ordre de 260 milliards d’euros par an. Mais – et c’est le point essentiel –, cette transformation permettrait de réaliser une économie entre quatre et quinze fois supérieure (entre 1 100 et 3 800 milliards d’euros).

« Conscience sociale et environnementale »

Comment ? Principalement, avance l’étude, en réduisant très fortement les dépenses liées à la pollution atmosphérique et au changement climatique. Il s’agit à la fois du coût, pour le système sanitaire, de la pollution de l’air due en particulier aux centrales à charbon, et des pertes agricoles causées par le dérèglement climatique associé aux émissions de CO2 du secteur fossile. Autre bénéfice, encore plus capital, la meilleure qualité de l’air résultant de cette transition énergétique sauverait, affirme le rapport, environ 4 millions de vies par an.

« Doubler la part des énergies renouvelables est non seulement la voie la plus économique, mais également celle qui procède de la plus grande conscience sociale et environnementale, commente Adnan Amin, directeur général de l’Irena. Elle créerait plus d’emplois, sauverait des millions de vies et ouvrirait le chemin pour limiter la hausse de la température mondiale à deux degrés, conformément à l’accord de Paris. »

Un rapport coût-bénéfice très avantageux | Irena

Pour établir ses projections, l’agence internationale a retenu un panel de quarante pays qui représentent, ensemble, 80 % de la consommation énergétique mondiale. Parmi eux, les Etats-Unis, la Chine, l’Inde, la Russie, le Brésil, le Canada ou l’Australie, et, pour l’Europe, l’Allemagne, la Belgique, le Danemark, la France, l’Italie, la Pologne, le Royaume-Uni et la Suède.

Les trajectoires énergétiques prévues par ces Etats pour 2030 sont encore loin de conduire à un doublement de la part des renouvelables, puisque, cumulées, les programmations nationales mènent à un total de 21 %, au lieu des 36 % préconisés par l’Irena. Pour atteindre cet objectif, le taux de développement annuel des énergies renouvelables devrait être multiplié par six à l’échelle du globe, calcule l’agence. Un effort bien sûr différencié selon les pays, en fonction du niveau actuel de ces filières dans chacun d’entre eux, de leur potentiel, ainsi que de leurs capacités respectives, notamment financières.

L’Union européenne dans son ensemble, qui s’est fixé une cible de 27 % de renouvelables en 2030, devrait aller bien au-delà. La France, dont la loi de transition énergétique prévoit 32 % d’énergie d’origine renouvelable à cette échéance, devrait, d’après la feuille de route tracée par l’Irena, viser 46 % de renouvelables en 2030.