Les forces d'autodéfense japonaises en intervention le 17 avril à Minamiaso (Japon) après un glissement de terrain provoqué par les séismes des jours précédents. | Yohei Fukai / AP

Les autorités japonaises s’efforcent de faire face à l’ampleur de la catastrophe dans l’île de Kyushu (Sud-Ouest). Dimanche 17 avril, le bilan s’y établissait à 41 morts, 2 000 blessés et à une vingtaine de personnes qui seraient prisonnières de décombres, notamment à Minamiaso, dans le département de Kumamoto.

Alors que les répliques se poursuivent à un rythme élevé – plus de 400 depuis le premier séisme, le 14 avril – dans les départements de Kumamoto et d’Oita, les deux plus touchés, le gouvernement multiplie les opérations pour porter secours aux quelque 190 000 personnes qui ont dû abandonner leurs maisons détruites ou endommagées. Dimanche, 76 000 foyers restaient sans électricité et 275 000 sans accès à l’eau.

« La période d’évacuation devrait être assez longue »

Les difficultés ont incité le premier ministre, Shinzo Abe, qui a présidé le 17 avril la septième réunion du centre de crise établi après le premier séisme de jeudi, à appeler à « accorder toutes les priorités à répondre aux besoins des habitants affectés ».

Il y a des besoins en nourriture, en eau mais également en abris. Le gouvernement a mis en place une structure chargée d’améliorer les conditions d’accueil, car, comme le précise son porte-parole, Yoshihide Suga, « la période d’évacuation devrait être assez longue ».

De fait, les moyens existants atteignent leurs limites. Les lieux prévus pour accueillir les évacués se révèlent insuffisants et des écoles ont dû être ouvertes pour augmenter les places disponibles. Dans la petite ville de Mashiki, la plus touchée par le séisme du 14 avril et dont la mairie a été sérieusement endommagée, les responsables d’un lieu d’accueil de 600 personnes ont dû en laisser dormir plusieurs dehors sous une bâche, et ce sous les fortes pluies qui se sont abattues sur la région dans la nuit de samedi à dimanche.

« Je dors dans une voiture la nuit et reste sous une tente la journée , a de son côté expliqué à l’AFP Seiya Takamori, de Mashiki. Nous savions qu’une faille sismique passait sous le village mais on n’y faisait pas attention. »

A Ozu, dans le département de Kumamoto, une cinquantaine d’habitants ont également dormi dans leurs voitures, qu’ils avaient rassemblées sur une place.

Des habitants de Kumamoto (Japon) évacués après les séismes relogés provisoirement dans un parc, le 16 avril. | KAZUHIRO NOGI / AFP

Pénuries d’eau et de vivres

Le quotidien de la population est aggravé par les difficultés d’approvisionnement en nourriture et en eau, en raison des dégâts provoqués aux routes, et aux problèmes de réassort des supermarchés. A Mashiki, les habitants faisaient le 16 avril la queue pendant deux heures pour obtenir de l’eau et de la nourriture. Certains villages isolés seraient totalement inaccessibles par la route.

Pour y répondre, le gouvernement a annoncé l’envoi de 900 000 rations alimentaires –l’équivalent de trois jours de besoins – qui sont distribuées en partie par les forces d’autodéfense (l’équivalent de l’armée).

« J’ai demandé aux ministères de l’agriculture et de l’industrie de tout faire pour que les supermarchés reçoivent des livraisons de produits de première nécessité », a de son côté déclaré Taro Kono, le ministre chargé de la gestion des catastrophes.

Le 16 avril, gouvernement a également annoncé l’envoi de moyens supplémentaires. Les effectifs des forces d’autodéfense devaient atteindre 25  000 éléments le 17, contre 2 000 le 15. De même le ministère chargé des infrastructures va doubler son personnel sur place. Le nombre de pompiers et de policiers est également augmenté.

Tokyo a également accepté la proposition d’aide des Américains, qui assureront des opérations de transports. « Le gouvernement va identifier les zones où cette assistance sera le plus efficace », a déclaré le premier ministre, Shinzo Abe qui, le 17, ne s’était toujours pas rendu dans la zone, pas plus qu’aucun membre de son cabinet.

Sur le terrain, les risques restent importants. « L’activité sismique ne montre aucun signe de ralentissement », a averti Gen Aoki, directeur du département de suivi des séismes et des tsunamis à l’agence de météorologie, qui a rappelé que les multiples répliques pouvaient faire s’effondrer de nouveaux bâtiments fragilisés par les séismes. Il a également évoqué le risque de glissement de terrain, accru par les pluies de la nuit de samedi à dimanche. Il a appelé à la plus grande prudence.