Etudiants à l'Ecole nationale d'administration (ENA), à Strasbourg. AFP PHOTO / PATRICK HERTZOG | PATRICK HERTZOG / AFP

Pour la première fois cette année, les 112 élèves de l’Ecole nationale d’administration (ENA) ont suivi un enseignement sur l’innovation en matière d’action publique. Le dispositif, encore expérimental, sera étoffé pour les promotions suivantes. C’est un impératif aux yeux de la directrice, Nathalie Loiseau, nommée il y a trois ans avec pour mission de réformer la scolarité – une refonte entrée en vigueur cette année.

L’action publique innovante en est « l’un des fils rouges »,dit-elle. « Nos concitoyens attendent beaucoup de l’Etat dans de nombreux secteurs, poursuit-elle. En même temps, ils demandent à être consultés sur les politiques, voire à suivre leur mise en œuvre. Comment faire pour connaître les attentes et mieux associer les citoyens ? Il existe pour cela des outils de dialogue. On a déjà dématérialisé [les procédures] mais il faut aller plus loin. »

Allers-retours avec les publics

Les élèves de la promotion Orwell ont donc planché sur le sujet, les 1er et 2 mars, à l’Ecole nationale supérieure de création industrielle (ENSCI), l’un des partenaires de l’ENA dans ce dispositif. Après avoir été sensibilisés aux différents aspects de l’innovation, les 112 élèves ont travaillé, en petits groupes, sur trois cas : comment rendre plus efficace la sécurité routière afin que le nombre de victimes de la route diminue ; comment faciliter la création d’entreprises, de l’immatriculation jusqu’aux six premiers mois de leur existence ; comment améliorer le parcours retraite dès les premières fiches de paie du salarié.

But du jeu : proposer une réponse avec des méthodes innovantes, en faisant par exemple des allers-retours avec les publics concernés, au-delà des classiques enquêtes d’usagers.

Méthodes différentes

« L’objectif n’est pas que nos élèves deviennent des rois de l’innovation, explique Fabien Geledan, chargé du module, mais qu’ils ­sachent que, face à un problème difficile, ils peuvent recourir à des méthodes différentes. » Il ne s’agit pas de faire table rase du passé ni d’abandonner la note administrative mais « de donner davantage d’outils » aux futurs hauts fonctionnaires. Les horaires de cet enseignement seront renforcés pour les prochaines promotions.

L’école reconnaîtrait-elle ainsi un certain conservatisme et une responsabilité dans le manque d’imagination souvent reproché aux élites ? Nathalie Loiseau estime qu’il s’agit là de « carica­tures, signes de la pauvreté des débats ». En ces temps de transformations, toutes les écoles s’interrogent, rappelle-t-elle, cherchant à préparer à des métiers de demain dont elles ignorent souvent les contours.

D’après les témoignages recueillis, les élèves ont apprécié leur première session en innovation. L’ambiance était même détendue à l’ENSCI. Il faut dire que le module ne figure pas parmi les épreuves comptant pour le classement.