Le patron d’un groupe immobilier en Ile-de-France a été mis en examen dans l’enquête sur des soupçons de corruption visant le préfet Alain Gardère, a annoncé jeudi 5 mai une source judiciaire, confirmant une information du Parisien.

Le promoteur Antonio De Sousa, président de France Pierre, a été mis en examen le 13 avril pour « abus de biens sociaux », « complicité d’abus de biens sociaux » et « trafic d’influence », a ajouté cette source judiciaire. Son groupe revendique la réalisation de mille logements de standing par an, principalement en Ile-de-France.

Selon une source proche du dossier, la justice s’interroge sur « différentes largesses » dont le promoteur « aurait pu, en échange de contreparties, faire bénéficier un certain nombre de personnes ». Parmi elles, le haut fonctionnaire Alain Gardère, déjà mis en examen pour corruption passive et dont il est proche.

L’avocat d’Alain Gardère dément

« Alain Gardère n’a jamais eu de responsabilités administratives dans l’immobilier et n’a jamais délivré de permis de construire. Il a acheté à crédit des petits appartements et s’il en a négocié les prix, il n’a jamais consenti de contreparties », a réagi l’avocat d’Alain Gardère, Me Jean Veil. Et d’ajouter :

« Il n’est pas interdit d’entretenir des relations amicales avec quelqu’un, si on ne déroge pas à l’éthique et la morale. »

Alain Gardère, ancien « grand flic », qui fut membre du cabinet de Claude Guéant au ministère de l’intérieur, a été mis en examen le 21 janvier, notamment pour corruption passive, détournement de fonds publics et abus d’autorité. Il a été placé sous contrôle judiciaire, interdit d’exercer tout emploi public.

Soupçons d’abus de bien social

Selon une source proche du dossier, il aurait profité d’avantages en nature (restaurants, vacances gratuites) en échange de services rendus en 2015, période à laquelle il exerçait au Conseil national des activités privées de sécurité (Cnaps), instance chargée notamment de délivrer des agréments aux entreprises de sécurité privée, sous la tutelle du ministère de l’intérieur. Il est notamment soupçonné d’avoir « facilité l’obtention de marchés en matière de sécurité », selon cette source.

Son nom était apparu à l’occasion d’une autre enquête ouverte depuis août 2013 sur des soupçons d’abus de bien social, de travail dissimulé et de blanchiment visant les activités de France Pierre, à la suite d’un signalement de Tracfin, la cellule antiblanchiment du ministère des finances.

Au cours des investigations, des éléments étaient apparus sur le préfet, qui a alors été placé sur écoute, conduisant la justice à ouvrir une information judiciaire distincte le 23 septembre 2015, selon la source judiciaire. Dans cette enquête, un autre policier, son directeur de cabinet au Cnaps, a également été mis en examen.