Manifestation à Mexico, le 24 avril, pour demander la vérité sur la disparition des étudiants. | Marco Ugarte / AP

Les experts internationaux qui ont enquêté sur la disparition et le massacre de 43 étudiants au Mexique en septembre 2014 ont dénoncé, dimanche 24 avril au terme de leur mission, le manque de coopération du gouvernement et du parquet mexicains.

A l’issue d’un an d’enquête, ces experts étrangers de la Commission interaméricaine des droits de l’homme (CIDH) ont présenté un rapport cinglant de plus de 600 pages dans lequel ils regrettent de n’avoir pu élucider cette affaire qui avait choqué l’opinion publique mondiale.

Les experts ont notamment déploré pendant une conférence de presse à Mexico que le bureau du procureur général ne leur ait pas permis d’interroger à nouveau les membres d’un cartel emprisonnés qui auraient avoué avoir assassiné les étudiants, disparus après des affrontements avec la police à Iguala, dans le sud du pays. Ils l’ont aussi accusé de ne pas leur avoir transmis dans les temps certaines informations et d’avoir ignoré des pistes d’enquête qui lui avaient été suggérées.

Selon le rapport des experts, les délais avec lesquels certaines preuves qui auraient pu donner une nouvelle orientation à l’enquête leur ont été remises équivalaient à « accorder l’impunité » aux auteurs de ce crime. Le rapport dénonce aussi des cas possibles de tortures sur les suspects incarcérés, 80 % d’entre eux ayant présenté de graves blessures après leur arrestation.

Doutes sur la version du gouvernement

Selon la version officielle, dans la nuit du 26 au 27 septembre 2014, les policiers municipaux de la ville d’Iguala ont livré les étudiants d’Ayotzinapa au cartel de drogue des Guerreros Unidos, qui les a assassinés puis incinérés dans une décharge à Cocula, avant de disperser leurs restes dans une rivière.

Mais les experts indépendants ont de nouveau rejeté ces conclusions, comme ils l’avaient fait dans leur premier rapport remis en septembre 2015, expliquant qu’il n’y avait pas de preuves scientifiques d’une incinération d’une telle ampleur dans ce lieu.

Les experts ont eux aussi conclu à la responsabilité de policiers municipaux mais estimé que la police fédérale aurait également dû faire l’objet d’une enquête, ce que les autorités ont refusé.

Le CIDH n’a notamment pas été autorisé à interroger les militaires qui avaient été déployés à Iguala le soir où les affrontements avec les étudiants ont éclaté et des photos et vidéos des accrochages ne lui ont pas été transmises par l’armée.

Alors que Mexico a décidé de ne pas renouveler le mandat de la commission d’enquête internationale, le président Pena Nieto, dont l’autorité a été éclaboussée par cette affaire, a déclaré sur son compte Twitter qu’il « remerciait » les experts et que le parquet étudierait leur rapport.