Un concert de mandoline, une plongée en images en Chine, une variation théâtrale autour de Madame Bovary… Le service Culture du Monde vous fait cinq propositions pour ce week-end.

ART. Albert Marquet réhabilité, au Musée d’art moderne de la Ville de Paris

« Port d’Alger (La Douane ou l’Amirauté) », 1941 – huile sur toile. | GALERIE TAMENAGA/ADAGP, PARIS 2016

Dans nombre de musées, il y a un tableau d’Albert Marquet (1875-1947), qui est, presque à tout coup, un paysage, puisque Marquet s’est consacré principalement à ce genre. Ce paysage a pour motif les quais de la Seine à Paris, de Notre-Dame à l’est au Louvre à l’ouest, ce fleuve en Normandie, le port d’Alger ou d’autres rivages de la Méditerranée, en France et en Italie. Ce paysage est le plus souvent dominé par des harmonies de gris relevées de quelques touches plus intenses, coque noire et rouge d’un remorqueur ou cheminée blanc et rouge d’un paquebot. D’une toile à l’autre, les différences sont assez réduites. Aussi est-on tenté d’en conclure que Marquet a trouvé un poncif et s’y est tenu. La rétrospective que lui consacre le Musée d’art moderne de la Ville de Paris, « Albert Marquet, peintre du temps suspendu », est une tentative de réhabilitation. Elle attire l’attention sur des moments méconnus et montre que sa méthode de travail ne se réduit pas à la répétition de quelques effets atmosphériques. L’effort pour renouveler l’idée que l’on a de l’artiste est constant. Aussi sort-on convaincu que Marquet vaut mieux que sa réputation de décorateur pour salons bourgeois. Philippe Dagen

Musée d’art moderne de la Ville de Paris, 11, avenue du Président-Wilson, Paris-16e. Du mardi au dimanche de 10 heures à 18 heures, jeudi jusqu’à 22 heures. Jusqu’au 21 août. Entrée de 9 € à 12 €.

MUSIQUE. La mandoline fait résonner ses cordes à l’Auditorium du Louvre

Le musicien Avi Avital. | Harald Hoffmann / Deutsche Grammophon

N’en déplaise aux fondus des fourneaux, la mandoline n’est pas seulement cet échafaud miniature qui tranche allègrement tout ce qui lui tombe sous la lame. C’est aussi un instrument de musique, dont la désuétude est renvoyée dans les cordes quand il est joué par l’époustouflant Avi Avital, seul mandoliniste à avoir jamais signé un contrat avec une major du disque (Deutsche Grammophon). Né en 1978 à Be’er Sheva, l’enfant prodige a commencé à jouer en public dès l’âge de 8 ans, avant d’entrer au Conservatoire de Jérusalem. Ses premiers enregistrements, en 2012, ont littéralement remis les concertos pour mandoline de Vivaldi au premier plan. Il s’est, depuis, produit dans les plus grandes salles de concert avec les meilleurs orchestres internationaux, déclenchant partout l’enthousiasme du public. Le virtuose (et compositeur) israélien donnera son premier récital en soliste à l’Auditorium du Louvre le 15 avril. Au programme, sa propre transposition de Bach (Partita pour violon n°2 en ré mineur), des compositions de Kareem Roustom (Hanjale), Filippo Sauli (Partita n°3 en ut majeur), Yasuo Kuwahara (Poème improvisé), et son propre Kedma, pour mandoline réaccordée. Marie-Aude Roux

Auditorium du Louvre, Paris-1er. Le 15 avril à 19 h 15. Tél. : 01-40-20-55-00. De 5 € à 15 €. Louvre.fr

THÉÂTRE. Tiago Rodrigues prend le Théâtre de la Bastille

Une scène de "Bovary", de Tiago Rodrigues. | Jean-Louis Fernandez

Allez au Théâtre de la Bastille. Vous y verrez un spectacle remarquable et passionnant : Bovary. Tiago Rodrigues, qui l’a écrit et mis en scène, est le nouveau directeur du Teatro Nacional Maria II de Lisbonne, l’équivalent portugais de la Comédie-Française. Cet homme jeune (39 ans) a déjà présenté en France deux spectacles magnifiques, By Heart et Antoine et Cléopâtre. Pour Bovary, il est parti du roman de Gustave Flaubert et du procès qui lui fut intenté pour « atteinte à la morale et à la religion. » Les deux se mêlent dans le spectacle, très fin, souvent drôle et doté d’un charme fou. Ce régal pour l’esprit est joué (en français) par cinq excellents comédiens, qui vont mener avec Tiago Rodrigues une opération unique : occuper le Théâtre de la Bastille pendant deux mois, en l’ouvrant au jour le jour à leurs désirs et à ceux du public. Une utopie debout ! Brigitte Salino

Théâtre de la Bastille, 79, rue de la Roquette, Paris-11e. Tél. : 01-43-57-42-14. De 14 € à 26 €. Les 15, 16 et 17 avril. Vendredi et samedi à 20 heures, dimanche à 17 heures. Puis du 3 au 26 mai (voir dates sur le site).

PHOTOGRAPHIE. Trente ans de Chine à la MEP

Mai 1989, place Tiananmen, par Patrick Zachmann. | Patrick Zachmann / Magnum Photos

Pékin et Shanghaï, 1982. Le photographe Patrick Zachmann fait son premier voyage en République populaire de Chine : c’est une visite officielle, très encadrée. De mystérieux interdits régentent les rapports du photographe à ses sujets dans une ambiance orwellienne. Les photos saisissent pourtant une intimité troublante. Elles marquent le début d’une aventure avec la Chine qui durera trente ans. Sa fascinante exploration visuelle est présentée, à travers une centaine de photos, à la Maison européenne de la photographie (MEP), à Paris, dans l’exposition « So long, China. 1982-2015 ». Il capture une Chine qui s’ouvre, se transforme, se réplique en écho à elle-même : c’est une planète éclatée, dont les morceaux forment un puzzle mémoriel, culturel et politique. Parmi les moments fort de l’exposition : l’effervescence sur la place Tiananmen, pendant les deux mois de manifestations qui précèdent le 4 juin 1989. Car, avant le massacre, il y eut cette incroyable explosion de liberté et de solidarité, durant laquelle le régime fut à deux doigts de basculer. Zachmann y était. Brice Pedroletti

« So long, China. 1982-2015 », Maison européenne de la photographie, 5-7, rue de Fourcy, Paris-4e. Jusqu’au 5 juin. www.mep-fr.org

THÉÂTRE. En lévitation avec Jeanne Candel au Théâtre de la Cité internationale

Jeanne Candel / Le Goût du faux et autres chansons
Durée : 03:03

Un tableau hollandais du XVIIe siècle, deux cosmonautes russes en lévitation dans l’espace, un écrivain en panne, un scarabée en vadrouille… C’est Le Goût du faux et autres chansons, spectacle irracontable et irrésistible, hilarant et surréalisant, créé début 2015 par la metteure en scène Jeanne Candel et sa compagnie La Vie brève, et que le Théâtre de la Cité internationale a la bonne idée de reprendre. A ne pas rater, pour la parodie low tech de Gravity, le sens du burlesque et du détail, la loufoquerie rêveuse et aérienne de toute la troupe. Fabienne Darge

Le Goût du faux et autres chansons, par Jeanne Candel et sa compagnie La Vie brève. Au Théâtre de la Cité internationale, 17, boulevard Jourdan, Paris-14e. Du 14 au 24 avril. Lundi, mardi et vendredi à 20 heures. Jeudi et samedi à 19 heures. Pas de spectacle dimanche 17 avril. Dimanche 24 avril à 15 h 30. De 7 € à 22 €.