L'ABT Schaeffler Audi Sport du Brésilien Lucas Di Grassi (gauche) remporte le premier e-Prix de Paris, samedi 23 avril, aux Invalides. | ALAIN JOCARD / AFP

Cela ne s’était pas produit depuis 1951 : la capitale accueillait samedi une course automobile en plein cœur de ville. Le premier e-Prix de Paris, 7è étape du championnat du monde de Formule E, sorte de Formule 1 à propulsion 100 % électrique, se disputait autour des Invalides.

Dix-huit monoplaces étaient alignés sur l’asphalte provisoire. L’occasion, pour un public équitablement réparti entre néophytes et fans de course automobile, de se familiariser avec les écuries : la Française DS Virgin Racing, en pole position grâce à son pilote Sam Bird, l’ABT Schaeffler Audi Sport de Lucas Di Grassi, la Venturi de Stéphane Sarrazin, la Renault e-Dams de Nicolas Prost… jusqu’à l’Indienne Mahindra de Nick Heidfeld.

A 16 heures, l’affluence est enfin à son comble, après une fin de matinée consacrée aux deux essais qualificatifs. Les responsables de la sécurité renvoient d’une porte d’entrée à une autre les détenteurs de billets, qui pensaient pourtant avoir fait le plus difficile en se procurant un des 10 000 tickets mis en vente, et les quelque 5 000 invités de la mairie, VIP ou riverains. Arrivés au compte-gouttes depuis l’ouverture des grilles le matin, ils se pressent derrière les grilles aménagées tout au long des quelque 2 kilomètres de circuit.

Sifflement

Le départ produit un sifflement semblable au bruit lointain d’avion au décollage. Un bruissement qui surprend, même lorsqu’on s’y attend. Il faut s’habituer, et vite. Un e-Prix ne dure que 45 minutes.

Les monoplaces, malgré leurs 350 kg de batteries, ne peuvent en effet assurer que la moitié de ce temps à une vitesse de pointe de 180 km/h dans les lignes droites du boulevard des Invalides et de la Tour-Maubourg. En un tour - deux minutes environs -, l’énergie stockée passe de 100 % à 80 %. À mi-course, les monoplaces s’arrêtent aux stands, l’une après l’autre, pour ne pas repartir. Les pilotes sautent – à pieds joints – d’une monoplace à l’autre. Un changement de monture qui n’affecte pas le tiercé de tête. Lucas Di Grassi mène devant les deux DS Virgin de Jean-Eric Vergne et Sam Bird.

Il faut attendre le 40è tour et la sortie de piste du pilote anglais pour créer un peu de mouvement en tête de classement. Sam Bird rétrograde à la 6è place, pour la plus grande joie d’Alain Prost, à la tête de l’écurie Renault e-Dams. Son fils Nicolas remonte ainsi à la 4e place derrière son coéquipier Sébastien Buemi. Juste avant le second coup de théâtre de la course : l’Aguri de Qing Hua Ma loupe son virage et finit dans les murets de sécurité. L’occasion de voir la voiture de sécurité en action pour neutraliser la course à quelques tours de la fin.

Sur le podium, devant quelque 20 000 personnes, le vainqueur Lucas Di Grassi fait gicler le champagne aux côtés du Français Jean-Eric Vergne, 2è pour DS Virgin, et Sébastien Buemi, 3è pour Renault-eDams.

Retour à Paris en 2017

En attendant un éventuel impact sur les ventes de voitures électriques, les acteurs du premier e-Prix de Paris ont assuré le spectacle, en présence d’un public fourni malgré les mesures de sécurité et d’un aéropoage politique rassemblant la maire de Paris Anne Hidalgo, la maire du 7è arrondissement Rachida Dati, le ministre de la Ville et des Sports Patrick Kanner et le Premier ministre Manuel Valls, qui voyait dans cette course automobile « la plus belle réponse à la menace terroriste ».

De gauche à droite : Rachida Dati, maire du 7e arrondissement, le président de la FIA Jean Todt, le Prince Albert de Monaco et le ministre de la jeunesse et de Sports Patrick Kanner. | BERTRAND GUAY / AFP

« La course était bien, il y avait du monde », s’est réjoui Jean-François Martins, adjoint aux Sports de la mairie de Paris, pour qui « le championnat de Formule E a été créé avant tout pour promouvoir les véhicules électriques ». L’événement s’étant « bien passé, la mairie de Paris va inscrire l’e-Prix de Paris dans la durée », a confirmé Jean-François Martins, prenant rendez-vous pour 2017.

Au-delà de la capitale, le développement de la Formule E va se poursuivre, promet Jean Todt, président de la Fédération internationale automobile (FIA). Il faudra pour cela analyser les faiblesses de la journée, comme les temps morts ayant jalonné la matinée, même s’ils peuvent s’expliquer par les contraintes exceptionnelles de sécurité.

Classement

1. Lucas Di Grassi (BRA/ABT Schaeffler Audi), 45 tours
2. Jean-Eric Vergne (FRA/DS Virgin) à 0.853
3. Sébastien Buemi (SUI/Renault e.dams) à 1.616
4. Nicolas Prost (FRA/Renault e.dams) à 2.142
5. Stéphane Sarrazin (FRA/Venturi) à 3.544
6. Sam Bird (GBR/DS Virgin) à 3.856