Vous cherchez un emploi pour cet été ? Allez cueillir des abricots ou des fraises. Le secteur de la cueillette, dans les arbres, par terre ou sur les vignes est celui qui devrait le plus embaucher cette année. Près de 104 000 recrutements prévus en 2016, selon l’étude annuelle de Pôle emploi sur les besoins en main-d’œuvre des entreprises, chiffrés cette année à 1 827 300 postes. Un document plein d’enseignements, qui éclaire les mouvements de l’emploi en France et par conséquent les politiques publiques à engager pour coller aux besoins de l’économie réelle.

Premier constat, l’emploi est bien en train de repartir. Déjà en mars dernier, l’Insee avait noté pour 2015 une reprise des créations de postes, même si elle ne s’accompagnait pas encore d’un recul du chômage. L’évolution est plus nette pour 2016. Le nombre de projets de recrutements dans les 405 bassins d’emploi français est en hausse de plus de 5 %, soit 88 000 postes de plus qu’en 2015, le plus haut niveau observé depuis sept ans. Parmi les raisons de cette embellie, le retournement des intentions d’embauche dans le bâtiment, en forte baisse en 2015 (– 16,6 %) et en hausse de plus de 12 %, cette année. Mais aussi les services aux entreprises (+ 8 %).

Mais cela ne donne pas une image complète des réservoirs d’emplois et des difficultés à recruter, deux données de base pour qui veut agir sur le niveau du chômage. Et dans ce domaine, les chiffres sont sans appel : l’emploi se trouve chez les « petits » et dans les services. Près de sept intentions d’embauche sur dix émanent d’entreprises de moins de 50 salariés. Et presque la moitié (45 %) se situe dans des structures de moins de dix personnes. Tout effort en direction des grandes entreprises visera surtout à réduire les suppressions de postes. seuls 14 % des emplois créés en 2016 le seront par des groupes de plus de 200 salariés. D’où l’importance de prendre en considération les besoins des TPE et PME, plus que ceux des grands groupes dans tout projet (ou loi…) d’aide à l’emploi.

Un tiers des postes difficiles à pourvoir

Ensuite, cap sur les services, qui représentent en France plus des deux tiers des besoins de main-d’œuvre. Avec en première ligne, le commerce, le tourisme et le médico-social. C’est peut-être moins enthousiasmant que de fabriquer des Airbus, mais c’est beaucoup plus prometteur en termes d’emploi. Seules 8 % des embauches devraient se faire cette année dans l’industrie et l’encadrement qui lui est lié. Cela n’enlève rien à l’importance de l’industrie dans la création de richesse nationale, notamment à l’exportation, mais relativise son rôle dans la lutte contre le chômage.

Reste enfin la lancinante question des freins à l’embauche. Cette année encore, un tiers des postes, soit tout de même près de 600 000 emplois, seront difficiles à pourvoir, notamment dans l’hôtellerie-restauration et l’aide à domicile. Ce qui est pour le moins étonnant, pour ne pas dire scandaleux, au pays des 3,5 millions de chômeurs.