François Hollande à l'Elysée, le 15 avril 2016. | CHARLES PLATIAU / REUTERS

Samedi 16 avril, François Hollande entame au Liban une tournée de quatre jours au Moyen-Orient, qui le mènera ensuite en Egypte et en Jordanie. La crise syrienne, la lutte contre l’organisation Etat islamique (EI) en Irak, en Syrie et en Libye, ainsi que l’initiative française pour une relance du processus de paix israélo-palestinien seront au cœur des discussions bilatérales. La crise des réfugiés fuyant la guerre en Syrie dominera les visites au Liban et en Jordanie, où le président français doit annoncer un soutien financier pour aider ces deux pays à supporter le poids de l’accueil de près de deux millions de Syriens. Au Caire et à Amman, la visite prendra une coloration plus économique, avec la signature attendue d’accords bilatéraux et de contrats militaires et civils, avec la trentaine d’entreprises françaises qui accompagneront le président.

La visite de travail prévue les 16 et 17 avril au Liban suscite des interrogations sur le rôle qu’entend jouer Paris dans la crise institutionnelle que traverse le pays, confronté à une vacance de la présidence depuis mai 2014. La France devrait de nouveau offrir son soutien à ce pays « ami » à retrouver la stabilité. « On est dans une démarche de bonne volonté, de facilitation mais il ne faut pas franchir la ligne rouge de l’ingérence », explique un diplomate à Paris. Si aucun contact officiel n’est prévu avec les deux candidats les plus sérieux à la présidentielle, Sleimane Frangié et Michel Aoun, des discussions pourraient se tenir « informellement en marge d’autres événements », indique une source à Paris.

La France entend également « renforcer » son soutien aux forces armées libanaises, sans pour autant compenser la suspension par l’Arabie saoudite du financement d’un contrat de 2,2 milliards d’euros (dit « Donas ») de fourniture d’armements français au Liban, conclu en avril 2015. François Hollande sera accompagné du ministre de la défense, Jean-Yves Le Drian, de la ministre de la culture, Audrey Azoulay et de chefs d’entreprise.

Le dossier des droits de l’homme en Egypte

De nouveaux contrats d’armements pourraient également être signés au Caire, lors de la visite officielle prévue les 17 et 18 avril, selon l’avancement des négociations. Les discussions les plus avancées portent sur l’acquisition par l’Egypte d’un satellite de télécoms militaire pour un montant estimé à environ 600 millions d’euros. Les précédents contrats d’armement signés avec Le Caire, dont notamment l’achat de 24 rafales et de deux navires BPC Mistral, ont illustré la profondeur du partenariat stratégique entre les deux pays. Les risques posés par l’expansion depuis un an de la menace djihadiste dans l’est de la Libye n’ont fait qu’accentuer la convergence de vues entre Paris et Le Caire sur la priorité que constituent la lutte antiterroriste et la nécessité de maintenir un partenariat étroit.

Cette proximité est très critiquée par les ONG, qui dénoncent « le silence étourdissant » de Paris sur les violations des droits humains par le régime du président Abdel Fattah Al-Sissi, sous le couvert de lutte antiterroriste. La disparition, le 25 janvier au Caire, de l’étudiant italien Giulio Regeni, et sa mort sous la torture, que plusieurs chancelleries occidentales, à commencer par l’Italie, imputent aux forces de sécurité égyptiennes, ont donné un nouveau coup de projecteur sur la dérive sécuritaire du pays. Très attendu sur le dossier des droits de l’homme, Paris entend porter des « messages » de façon « discrète et efficace ».

La visite d’Etat en Jordanie, le 19 avril, sera finalement l’occasion d’une visite des troupes françaises stationnées sur la base aérienne Prince-Hassan, d’où décollent les avions dans le cadre des opérations contre le groupe EI en Syrie et Irak.