La décision finale d’investissement dans les deux réacteurs EPR d’Hinkley Point doit être prise par le conseil d’administration d’EDF avant l’assemblée générale des actionnaires du groupe prévue le 12 mai. | BENOIT TESSIER / REUTERS

EDF doit-elle, ou non, construire deux coûteux réacteurs nucléaires pressurisés européens (Evolutionary Power Reactor, EPR) au Royaume-Uni, et, le cas échéant, prévoir le plan de financement adéquat ? C’est tout l’objet de la réunion au sommet qui a lieu, mercredi 20 avril à l’Elysée.

François Hollande, Manuel Valls, Jean-Marc Ayrault, Emmanuel Macron, Michel Sapin, sans oublier un conseiller de Ségolène Royal : la liste des participants attendus, exceptionnelle pour un dossier industriel, montre à elle seule l’importance des arbitrages prévus.

  • Quel est l’enjeu ?

Les termes du choix sont connus. Lancer ce projet, qui consiste à installer à Hinkley Point, dans le sud-ouest de l’Angleterre, deux réacteurs de nouvelle génération, des EPR, ferait courir de lourds risques à EDF ; mais y renoncer pourrait remettre en cause la crédibilité de la France. « Quelle que soit la décision, les dangers sont énormes », reconnaît un administrateur d’EDF.

  • Quelle est la position de l’Etat ?

Elle ne serait pas arrêtée. Le ministre de l’économie, M. Macron, est un fervent partisan du projet. La France mènera à son terme ce chantier, a-t-il encore déclaré dimanche 17 avril à la BBC, en précisant son objectif : « Etre en situation de signer » le contrat définitif « dans la semaine à venir ou plus tard ». D’autres, comme la ministre de l’environnement et de l’énergie, Mme Royal, se montrent plus réservés.

  • Que dit-on chez EDF ?

La décision finale d’investissement dans les deux réacteurs EPR d’Hinkley Point doit être prise par le conseil d’administration d’EDF avant l’assemblée générale des actionnaires du groupe, prévue le 12 mai.

Après la réunion à l’Elysée, EDF a prévu un conseil d’administration vendredi sur le volet financier du projet, puis un autre au début du mois de mai. Ce sera alors aux administrateurs d’appuyer ou non sur le bouton.

En l’état, il n’est pas sûr que la majorité du conseil y soit favorable. Les syndicats d’EDF, qui disposent de 6 postes sur 18, rejettent unanimement cet investissement jugé pharaonique, et plusieurs administrateurs indépendants sont dubitatifs.

Le président de la République va donc devoir trancher, mais aussi convaincre toutes les parties prenantes de la validité de son choix. Une décision qui revient à slalomer entre cinq grands risques.