Le siège de Google Europe à Dublin en juillet 2013. | Cathal McNaughton / Reuters

C’est une première mondiale : Facebook et Google co-organisent à partir de jeudi 13 avril un sommet à Dublin, sur la protection de l’enfance et la lutte contre le harcèlement. Durant deux jours, une centaine d’experts et d’associations discuteront avec les géants de la technologie des pratiques et des outils liés à des thématiques aussi variées que la prévention du suicide ou la lutte contre la pédopornographie.

« Nous travaillons ensemble depuis longtemps de manière discrète, par exemple sur l’identification des victimes de pornographie infantile », explique Julie de Bailliencourt, responsable de la sécurité pour Facebook en Europe. « Nous nous croisions sans arrêt dans des rencontres et des réunions. » « Sur ces sujets, travailler ensemble est incomparablement plus productif que de travailler chacun dans son coin », renchérit Brittany Smith, de l’équipe « sécurité en ligne » de Google.

Souvent accusées de faiblesse dans leur gestion des contenus, sur la modération pour Facebook ou sur le référencement de sites pour Google, les deux entreprises affirment avoir énormément travaillé ces dernières années pour améliorer leurs outils de protection des internautes, et notamment des plus jeunes. « Nous faisons évoluer les règles de YouTube en permanence pour les adapter », affirme Mme Smith, et les deux entreprises mettent régulièrement en place de nouveaux outils de signalement ou d’entraide.

Signalements de contenus illégaux

Le signalement, c’est d’ailleurs, chez tous les géants du Web, l’outil de base : sur Facebook comme sur Google Plus ou leurs concurrents, un message n’est examiné par les modérateurs que s’il a été au préalable signalé au moins une fois. Ce qui explique pourquoi certains groupes diffusant des messages illégaux passent « au travers des mailles » en faisant le maximum pour se cacher. « Sur Facebook, nous avons une politique extrêmement proactive sur des sujets comme la pornographie infantile », dit Mme de Bailliencourt.

Avec des outils d’analyse automatique des photos, liés à des bases de données collaboratives, le réseau social affirme pouvoir identifier très rapidement la vaste majorité des contenus pédopornographiques. « Et même au sein de ces groupes qui se veulent fermés, des internautes signalent les contenus, par ailleurs, le fonctionnement même de Facebook, qui met en avant les réseaux, permet de repérer rapidement les personnes qui diffusent des contenus pédopornographiques. »

Rodé depuis plusieurs années, le système de détection de pornographie infantile fonctionne plutôt bien, de l’avis de la plupart des ONG et forces de l’ordre travaillant sur ce sujet. Mais il n’existe pas de système équivalent pour d’autres contenus problématiques, comme les ventes d’armes à feu : malgré une interdiction totale des ventes d’armes sur Facebook, une enquête du New York Times a révélé début avril l’existence de plusieurs groupes fermés vendant des armes de guerre.

Harcèlement

Le siège européen de Google à Dublin, situé à quelques centaines de mètres de celui de Facebook. | Le Monde.fr

Mais c’est surtout sur la question du harcèlement et des menaces que les géants du Web font le plus souvent l’objet de critiques. Il y a un an, le patron de Twitter, Dick Costolo, reconnaissait dans un mémo interne à l’entreprise la « nullité » dont son service avait fait preuve dans la lutte contre le harcèlement. Et ce mardi, une vaste étude du Guardian, portant sur les commentaires publiés sur le site du quotidien britannique, montrait que parmi les dix auteurs les plus fréquemment insultés sur le site se trouvent huit femmes et deux hommes noirs.

« Ce sont des questions sur lesquelles nous travaillons spécifiquement », dit Julie de Bailliencourt. « Nous déployons cette semaine un système qui alerte les utilisateurs de Facebook lorsque quelqu’un tente de se faire passer pour eux en créant un compte. C’est une fonctionnalité qui est basée sur des demandes spécifiques qui nous ont été remontées par des utilisatrices dans plusieurs pays. »

De l’organisation d’une conférence à d’éventuelles collaborations plus poussées entre les deux géants du Web, il reste cependant une importante marge. Et ce même si l’organisation de la conférence a été grandement facilitée, expliquent les deux sociétés, par le fait que leurs sièges européens sont situés à cinq minutes à pied l’un de l’autre, dans le quartier du port de Dublin.