François Hollande et Abdel Fattah Al-Sissi, au Caire, le 18 avril. | KHALED DESOUKI / AFP

François Hollande a assuré, lundi 18 avril, Abdel Fattah Al-Sissi, son homologue égyptien, de sa volonté de renforcer les relations économiques entre Paris et Le Caire. Selon lui, l’Egypte est un pays-clé dans la résolution des crises régionales, en dépit de la répression visant toute opposition.

Le président français a commencé samedi au Liban une tournée au Proche-Orient. Il sera en Jordanie mardi. La crise syrienne, la lutte contre l’organisation Etat islamique (EI) en Irak, en Syrie et en Libye, ainsi que l’initiative française pour une relance du processus de paix israélo-palestinien seront au cœur des discussions bilatérales.

« Ce qui est en jeu, ce sont les échanges, la croissance, le commerce, l’investissement, mais aussi la stabilité, la sécurité, le développement, non seulement de l’Egypte, mais de toute la région. C’est le sens que je veux donner à cette rencontre », a rappelé M. Hollande en inaugurant, avec M. Al-Sissi, un forum d’entreprises au deuxième jour de sa première visite d’Etat en Egypte.

« La France est le sixième investisseur étranger dans ce pays » et « nous avons l’intention de gravir encore quelques marches », a ajouté le chef de l’Etat français, qui est accompagné d’une trentaine de chefs d’entreprise.

Nouveaux contrats

Le président Al-Sissi a fait valoir que son pays « œuvrait pour instaurer un climat d’investissement attractif pour les entreprises étrangères ». Il a rappelé que « les échanges commerciaux entre les deux pays ont atteint près de 2,58 milliards d’euros en 2015 » et souligné que la France était « l’un des dix pays qui investissent le plus en Egypte », à hauteur de 4,3 milliards d’euros.

De nouveaux contrats devaient être signés lundi, a fait savoir l’entourage de M. Hollande, sans plus de précision. Ils pourraient concerner l’industrie de défense. Paris est déjà l’un des principaux fournisseurs d’armes au régime de M. Al-Sissi.

Les discussions les plus avancées portent sur l’acquisition par l’Egypte d’un satellite de télécommunications militaires pour un montant estimé à environ 600 millions d’euros.

Partenariat stratégique étroit

Les précédents contrats d’armement signés avec Le Caire – l’achat de 24 avions de combat Rafale, d’une frégate multimissions, de missiles et de deux navires BPC Mistral (Paris avait annulé la vente de ces derniers à la Russie en raison de la crise ukrainienne) – ont illustré la profondeur du partenariat stratégique entre les deux pays.

Les risques posés par l’expansion depuis un an de la menace djihadiste dans l’est de la Libye n’ont fait qu’accentuer la convergence de vues entre Paris et Le Caire sur la priorité que constituent la lutte antiterroriste et la nécessité de maintenir un partenariat étroit.

Les deux chefs d’Etat ont assisté dimanche à la signature de dix-huit contrats et protocoles d’entente, notamment dans les domaines de l’énergie et du transport. Un consortium emmené par Vinci et Bouygues a ainsi remporté l’extension d’une ligne du métro du Caire pour 1,2 milliard d’euros. Lundi matin, le président de la France a visité ce chantier.

Les droits de l’homme, un thème délicat

Sur un autre thème, délicat, M. Hollande a fixé la ligne française dans le domaine des droits de l’homme devant un parterre de chefs d’entreprise français et égyptiens. Il avait déclaré dimanche devant un chef de l’Etat égyptien visiblement très contrarié que les droits de l’homme sont « aussi une façon de lutter contre le terrorisme ».

Quelques jours avant sa visite, la Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH), Amnesty International et Human Rights Watch (HRW) avaient dénoncé le « silence assourdissant » de la France sur la « gravité de la répression contre la société civile, au prix d’une augmentation vertigineuse de la pratique de la torture, des incarcérations abusives, des disparitions forcées et des violences ». « Se détourner de la question des droits humains en Egypte sous prétexte d’intérêts stratégiques et militaires pourrait faire porter » à la France « une lourde responsabilité », assénaient ces ONG.

M. Hollande va remettre à M. Al-Sissi « une liste de quinze cas » de violations présumées des droits de l’homme, a informé l’entourage du président.

Depuis que M. Al-Sissi, alors chef de l’armée, a destitué et fait arrêter, en juillet 2013, le président islamiste Mohamed Morsi, premier chef de l’Etat démocratiquement élu en Egypte, son régime réprime dans le sang toute manifestation de ses partisans mais emprisonne aussi des leaders de l’opposition laïque et libérale.

Egypte : première visite officielle de François Hollande