Comment bien réviser l'épreuve de philosophie ? | ZeLIG School (CC BY-SA 2.0)

A trente jours de l’épreuve de « philo » du bac 2016, les révisions à peine ébauchées ne contrebalancent pas une certaine appréhension, que redouble la terrible réputation de l’examen dans cette matière : on n’en attend finalement plus grand-chose, à force de croire que tout est aléatoire : « on verra bien », dites-vous souvent. Si vous vous reconnaissez dans ces lignes, tranquillisez-vous. Vous avez un mois devant vous, et rien n’est perdu. Voici sept conseils utiles pour structurer vos révisions, par Edouard Dal-Col, professeur agrégé de philosophie au Lycée des Horizons de Chazelles-sur-Lyon, dans la Loire.

1. L’épreuve est à votre portée

Est-ce véritablement un conseil ? A n’en pas douter, à écouter les bruits de fond qui parasitent l’apprentissage durant l’année, et la préparation durant les révisions. On n’en finit plus d’entendre que l’épreuve de philosophie est aléatoire, incertaine, « subjective », qu’elle dépend tout entière de l’humeur du correcteur et autres pantalonnades ! Laissez ces fadaises de côté : l’épreuve répond à des critères très précis, que votre professeur n’aura pas manqué de vous enseigner durant l’année, et pour lesquels vous vous êtes préparé. Ces critères portent avant tout sur deux méthodes, qui ont beaucoup en commun : celles de la dissertation d’une part, de l’explication de texte d’autre part. Il faut les réviser avec le plus grand soin, car une bonne partie de votre aptitude à penser passe par une bonne maîtrise des règles du discours. Conclusion : vous pouvez réaliser l’épreuve et la réussir.

2. Planifiez tout !

Le philosophe Alain disait qu’un enseignement vit d’inattention. Nous sommes donc tous ses élèves – lequel d’entre nous n’a pas rêvé être ailleurs et attendu la cloche avec une impatience toute puérile ? Cela veut dire que durant l’année, vous avez eu des « blancs » ou des absences de la mémoire. Il faut donc endiguer les fuites de votre apprentissage. Durant le mois restant, il faut donc planifier jour par jour tout ce qui est à réaliser, et ne faire aucune impasse : relecture, apprentissage, et exercices. C’est fondamental : il suffit de regarder votre calendrier de révisions pour voir que vous réviserez ceci ou cela tel jour, à tel moment. Les phrases telles que « et ça, tu l’as révisé ou pas ? » ou encore « ça, j’aurais jamais le temps, et toi ? » n’éveilleront plus de stress. Votre calendrier vaut tous les gris-gris, amulettes et autres talismans. Vous réussirez si vous avez planifié et réalisé tout ce qui est en votre pouvoir pour bien faire. Un élève serein est un élève disposé à réussir.

3. Révisez votre cours

Naturellement, la méthode ne fait pas tout, car une forme vide (la méthode) est comme la toile du tableau sans le dessein et la couleur (la pensée réalisée dans le devoir). Le deuxième conseil peut sembler à nouveau inutile : révisez votre cours. J’entends d’ici les réponses : « mais mon cours à moi, il est pas ceci », et l’autre : « mais mon prof à moi, il a pas fait cela », etc. Halte au feu ! Si vous vous reconnaissez dans ces propos, vous êtes victime de votre appréhension : à toutes les époques les mœurs déclinent et les professeurs ne font plus leur travail, c’est bien connu. Cicéron s’en plaignait déjà au premier siècle avant Jésus-Christ. Premier réflexe : relire et comprendre le premier cours de l’année (ou les premiers cours). C’est souvent celui qui expose, même sans le dire explicitement, l’attitude philosophique. Comprendre ce que l’on attend de vous est capital pour réussir honorablement l’épreuve. Votre professeur vous l’a montré dès le début.

4. Faites des fiches utiles

Il faut tirer parti du cours en réalisant des fiches utiles. Par fiches, j’entends des fiches réutilisables, que la mémoire peut s’approprier, et éventuellement restituer (c’est préférable). Pour cela, une seule règle : viser l’essentiel. Il est donc nécessaire de comprendre quelle question pose votre cours, et comment il y répond. Pour cela, il faut commencer par le lire et le relire – sans rien inscrire initialement sur la fiche. Après ce travail de maturation, vous pouvez débuter la rédaction de votre fiche, car vous avez acquis une certaine « hauteur de vue » sur le contenu du cours. Cela vous permettra de maîtriser le format, qui doit rester le plus bref possible. Vous pouvez ajouter à cette fiche quelques éléments de recherche et les références personnelles qui vous viennent à l’esprit. Sur ce point, évitez l’urgence et l’appréhension, car cela demande du calme et de l’attention. Il vous reste un mois – ça devrait aller.

5. Bannissez les mauvais réflexes de dernière minute...

Fuyez les mauvais conseils ! C’est ce qu’écrivait déjà Platon au cinquième siècle avant J.-C. : ne vous gonflez pas inutilement l’esprit avec un apprentissage par cœur, des résumés de thèses soutenues par des auteurs que vous n’avez pas lu, et surtout, plus grave encore pour une bonne gestion du temps : n’apprenez pas de citations par cœur. On attend de vous un jugement exercé et réfléchi, capable de poser des questions, de les clarifier, et éventuellement d’y répondre à l’aide d’un usage pertinent de votre culture. Les singes savants ne remplissent pas ces critères. Ne perdez pas non plus votre temps à refaire intégralement des devoirs en « traitant » des sujets « type bac » : vous êtes déjà entraînés à rédiger. C’est le sens du problème qu’il faut entraîner.

6. ... pour vous exercer efficacement

Entraînez-vous à écrire et à développer ce « sens du problème ». Un usage sensé de votre culture personnelle et de votre capacité à poser des questions demande de l’entraînement. Sur ce point, il n’y a pas de retard : sélectionnez un sujet classique (votre professeur vous en donnera jusqu’à satiété si vous le lui demandez, et Internet vous secondera si vous passez le bac en candidat libre) et réalisez la première phase du travail de dissertation : déterminez d’abord quelle question abrite ce sujet en étudiant sa formulation, et ensuite pourquoi une telle question se pose. La même remarque vaut pour l’explication de texte : entraînez-vous à en cerner le thème, la thèse et le problème qu’il entend clarifier. Donnez-vous une heure et demie ou deux pour cela, jamais davantage. L’entraînement fait la différence, car il installe des habitudes intellectuelles.

7. Faites preuve de bon sens à la veille des épreuves

Enfin, un élève bien préparé est un élève qui a bien dormi. Conseil paradoxal au moment de réviser, mais conseil utile. Le sens de l’à-propos, de la bonne formule ou d’une mémoire vive ne sont pas à chercher dans des révisions à outrance qui vous mènent, exténué, jusqu’aux premières lueurs de l’aube. La fraîcheur physique n’est pas seulement un atout, c’est une nécessité.