Le traditionnel discours de Jean-Marie Le Pen devant la statue de Jeanne d'Arc dimanche 1er mai à Paris. | PHILIPPE WOJAZER / REUTERS

Le 1er-Mai « apaisé » que Marine Le Pen appelait de ses vœux prend du plomb dans l’aile. La présidente du Front national a vu trois des députés européens de son parti – Bruno Gollnisch, Marie-Christine Arnautu et Mireille d’Ornano – s’afficher, dimanche matin, aux côtés de Jean-Marie Le Pen, à l’occasion du rassemblement dissident organisé par l’ancien président du FN, place des Pyramides, dans le 1er arrondissement de Paris.

Dans son discours, le cofondateur du parti d’extrême droite ne s’est pas placé en opposition à sa fille. Il a appelé à l’« unité » du parti et du « camp national », « condition sine qua non du succès » en 2017 selon lui. Exclu du FN en août 2015, M. Le Pen assure que, pour l’instant, « la présidente du Front national sera battue au second tour, et peut-être même au premier ». Des bulletins d’adhésion à ses comités « Jeanne, au secours ! » étaient distribués dans le public.

« Des liens personnels et affectueux »

Prévenue en amont de l’initiative de M. Gollnisch et de Mmes Arnautu et d’Ornano, Marine Le Pen a signifié aux trois élus qu’ils n’étaient pas les bienvenus au banquet officiel du Front national, qui se tient porte de la Villette, à Paris. « Je ne comprends pas pourquoi ça étonne, déclare Mme Arnautu. Tout le monde sait les liens personnels et affectueux que j’ai avec Jean-Marie Le Pen, que je ne renierai pas. Ce n’est pas un message politique. »

Selon un proche de la députée, les « menaces » proférées par Florian Philippot, vice-président du FN, d’une convocation devant la commission de discipline en cas de présence place des Pyramides auraient décidé Mme Arnautu à se tenir aux côtés de M. Le Pen. Un bureau politique du parti doit être réuni lundi, lors duquel le cas des élus présents à ce rassemblement sera évoqué.

« Je n’ai rien contre Marine Le Pen, au contraire, ça me fait beaucoup de peine ce qui se passe là, assure de son côté Mme d’Ornano. Il faut juste comprendre qu’il y a des anciens au Front national. » Elle affirme par ailleurs qu’elle ne « combattrait pas » une éventuelle exclusion du parti décidée à son encontre.

400 personnes

Environ 400 personnes étaient réunies pour écouter le discours de Jean-Marie Le Pen. Le directeur de Rivarol, Jérôme Bourbon, et celui de Radio courtoisie, Henry de Lesquen, étaient présents, tout comme le patron du Parti nationaliste français Yvan Benedetti ou celui du Renouveau français Thibaut de Chassey.

Marine Le Pen et Marion Maréchal Le Pen rendent homme à Jeanne d'Arc dans le 8e arrondissement et non place des Pyramides comme le veut la tradition du parti. | CHARLES PLATIAU / REUTERS

Pour éviter son père, la présidente du FN a choisi une autre statue située place Saint-Augustin, dans le 8e arrondissement, où elle a déposé une gerbe environ une heure plus tard en compagnie du bureau politique, sans faire de déclaration. Officiellement, le parti a renoncé à défiler de la place des Pyramides jusqu’à celle de l’Opéra pour des raisons de sécurité après des menaces de l’organisation Etat islamique.

Mais à un an de la présidentielle, la direction voulait éviter de nouvelles images désastreuses comme celle de Jean-Marie Le Pen s’invitant l’an dernier à la tribune place de l’Opéra ou de l’irruption des Femem. Elle a donc innové en organisant un banquet « populaire et patriotique » qui devait rassembler à l’heure du déjeuner 2 500 personnes porte de la Villette, à Paris.