Julien Dray au siège de campagne du Parti socialiste à Paris, le 23 avril 2012. | BERTRAND LANGLOIS/AFP

Foi de Julien Dray, François Hollande, qui intervient jeudi soir sur France 2 n’est nullement bousculé. Le président de la République n’est pas en train de tout lâcher sous la pression de la rue. « Il n’y a pas d’un côté Harpagon et sa cassette, de l’autre des gens qui réclament », a lancé le conseiller régional socialiste, invité mercredi 13 avril de l’émission « Questions d’info » sur LCP, en partenariat avec Le Monde, France Info et l’AFP.

Alors que Manuel Valls a annoncé lundi une série de mesures pour les étudiants, d’un montant de 400 millions d’euros, ce proche de François Hollande estime que le président de la République ne fait qu’honorer sa promesse de faire « des jeunes une des priorités importantes du quinquennat ».

« L’économie va mieux, maintenant qu’on a des marges de manœuvre, le gouvernement est en train de mettre en place le statut du jeune en formation », a plaidé Julien Dray. En précisant : « C’était une revendication que l’UNEF portait dans les années 1970 et c’est très important : désormais un jeune, entre 16 ans et 24 ans disposera d’un ensemble de dispositifs qui lui donnera toutes les chances de s’en sortir dans la vie. »

« Il n’y a pas un grand mouvement étudiant »

Interrogé sur la réaction de l’UNEF qui a approuvé les mesures mais appelé à la poursuite du mouvement anti-loi El Khomri, l’ancien trotskiste a plaidé : « La réaction de l’UNEF est normale car elle a peur de se faire déborder par l’extrême gauche. Mais moi je vous le dis, il n’y a pas un grand mouvement étudiant. On n’est pas dans les grandes mobilisations de la jeunesse que le pays a pu connaître au moment de la loi Devaquet ou du CIP. Ce qui frappe plutôt, c’est la mobilisation des salariés. »

Julien Dray voit ce mouvement de façon positive : « Des gens se lèvent pour dire qu’ils n’en peuvent plus de la domination idéologique qu’ont exercée des personnalités comme Eric Zemmour ou Alain Finkielkraut, des gens qui en ont marre des débats obsessionnels sur la France en déclin, des gens qui disent : “Il existe aussi une France solidaire qui veut plus de justice sociale et qui croit au triptyque de la République”. »

« Trouver un débouché politique »

Il ne s’agit pas, selon lui, d’un mouvement purement français. Il en veut pour preuve le « succès » de Bernie Sanders aux Etats-Unis ou celui de Podémos en Espagne. Julien Dray s’attarde surtout la dynamique qui s’est créée au Portugal et qui a imposé le rassemblement de toute la gauche. « Mon rôle de militant est de faire en sorte que l’ensemble des mouvements sociaux qui existent puissent trouver un débouché politique », explique-t-il.

De la gauche contestataire, il retient ce « message » en forme de « piqûre de rappel » : « Quand la gauche oublie son objectif fondamental de transformer la société pour la rendre plus juste, plus égalitaire, plus solidaire, elle perd. » D’où l’initiative prise avec son vieux complice Jean-Christophe Cambadélis, le premier secrétaire du PS, de dépasser le parti à travers l’Alliance Populaire, « rassemblement des responsables politiques, associatifs, syndicaux » pour « coproduire le retour d’une pensée progressiste battue en brèche pendant vingt ans ».

Beaucoup ont boudé, il ne s’en émeut pas : « Ce truc est en train de prendre », jure-t-il. Interrogé sur la primaire de la gauche et des écologistes, dont le PS a retenu le principe samedi, Julien Dray a précisé que le gagnant devrait « intégrer » les points de vue des perdants, et pourquoi pas conclure un « contrat de gouvernement » avec eux.