Illustration : Jean-Pierre Cagnat

L’esprit start-up est en passe de gagner écoles et universités. De quoi s’agit-il  ? D’idées novatrices qui jaillissent le plus souvent à plusieurs, de manière construite ou fortuite. Il arrive en effet que l’on trouve autre chose que ce que l’on cherchait, définition de ce qu’on appelle la sérendipité. Larry Page et Sergey Brin, les fondateurs de Google, n’ont-ils pas conçu un moteur de recherche alors qu’ils s’échinaient au départ à créer une bibliothèque numérique  ?

« Le défi, pour une entreprise, est de garder l’étincelle de l’innovation  », dit John Hennesy, le président de l’université Stanford (Californie). Pour les établissements d’enseignement supérieur, le défi est aussi de s’adapter à cette nouvelle donne. Aussi voit-on se multiplier en leur sein les fab lab, les boot camps, ces sessions intensives où les étudiants sont priés de phosphorer utilement, et les concours pour récompenser les plus innovants d’entre eux. Des masters en management de l’innovation sont apparus, de même que des « cours de créativité  », comme à HEC Paris.

La créativité est en effet l’un des facteurs qui favorisent l’innovation, avec la recherche, notamment. Mais peut-on apprendre à être créatif  ? Il est certain – et notre dossier sur ce sujet le démontre – que différentes techniques et approches y contribuent. L’une d’entre elles a pour nom design thinking, concept à la base de la fondation, en 2004, de la fameuse d.school de Stanford, qui a essaimé à travers le monde, y compris à Paris.

Dé-formatage des modes de pensée

L’enseignement est construit en partenariat avec une entreprise ou une ONG  ; il mêle des étudiants de différents horizons qui fonctionnent par tâtonnements, essais et erreurs. Mais toujours – c’est le principe de base – à partir de l’observation des usages et des besoins. Dans tous les cas, l’expert s’efface devant l’apprenti  : c’est de son œil neuf que surgira, espère-t-on, l’étincelle de l’innovation. Le design thinking – indissociable des Post-it collés sur un tableau au fur et à mesure des idées émises, de l’imprimante 3D et de l’atelier de prototypage – invite au décloisonnement, autre ingrédient favorisant la créativité.

Il s’agit de faire travailler ensemble des élèves (et des professionnels) ingénieurs, des étudiants en management, en sciences humaines, en design, en arts et en multimédia, par exemple. Cette transversalité est, elle aussi, de plus en plus prônée dans les entreprises et dans l’enseignement supérieur.

D’autres techniques en créativité mettent l’accent sur le dé-formatage des modes de pensée et des jugements. Toutefois, la créativité est parfois mise en avant dans de nouveaux intitulés de cours alors qu’ils proposent principalement des techniques de communication et d’animation éprouvées. Un préalable, il est vrai, à tout travail de groupe, au sein d’une entreprise ou d’une classe dynamique, voire créative.

Cet article introduit le dossier spécial consacré à la créativité du supplément Universités et grandes écoles, publié dans Le Monde daté du jeudi 14 avril 2016 puis sur le site M Campus, www.lemonde.fr/etudes-sup/