Le siège de Twitter à San Francisco, en Californie. | ROBERT GALBRAITH / REUTERS

Les utilisateurs chinois de Twitter s’inquiètent de la nouvelle embauche du réseau social. Kathy Chen vient de devenir la première directrice générale de Twitter en Chine, qui compte très peu d’utilisateurs en Chine continentale. Son profil affole les utilisateurs : elle serait un peu trop proche du Parti communiste chinois.

D’après Baike, l’équivalent chinois de Wikipédia contrôlé par Baidu, Mme Chen a rejoint l’Armée populaire de libération après ses études. Et plus particulièrement, un régiment d’artillerie spécialisé dans les missiles, où elle travaille comme ingénieuse et programmeuse. Sept ans plus tard, redevenue civile, elle travaille pour des groupes informatiques américains. Puis de 2000 à 2004, elle devient présidente-directrice générale de CA-Jinchen, une entreprise qui appartient à la californienne CA Technologies… et au ministère de la sécurité publique chinois. La société fabrique notamment des programmes antivirus de réseaux de « sécurité » pour des agences gouvernementales chinoises.

Son parcours a été retracé par BBC China, Yaxue Cao, activiste chinoise vivant à Washington DC et utilisatrice de Twitter, et He Qinglian, économiste chinoise aussi exilée aux Etats-Unis. Celle-ci a souligné, précise Quartz, que « sécurité » veut souvent dire « surveillance » en Chine. Par ailleurs, Yaxue Cao a écrit que pour avoir pu travailler pour des entreprises aussi proches de l’Etat, Kathy Chen est sans doute « passée à travers le processus de vérification politique le plus strict et le plus exigeant, et a été jugée fiable par le Parti ».

Plusieurs utilisateurs s’inquiètent donc de l’arrivée de cette proche du gouvernement, et d’une introduction de la surveillance à la chinoise sur Twitter. En effet, dans un pays où des messages critiquant le Parti peuvent valoir de longs séjours en prison, Twitter est perçu comme un espace libre. Interdit en Chine depuis 2009, le réseau social n’est cependant accessible qu’aux personnes disposant d’un VPN, un réseau privé virtuel – et est donc loin de la popularité de ses concurrents locaux comme Sina Weibo, soumis à la censure.

Kathy Chen a expliqué dans une interview au South China Morning Post, le principal quotidien anglophone hongkongais, qu’elle prévoyait d’entrer en contact avec « les entreprises chinoises et celles possédées par l’Etat ».

En réponse aux inquiétudes, un porte-parole de Twitter a expliqué que le but de l’entreprise était de « développer les services de publicité, analyse de données, développement et conseil client pour les entreprises et les start-up chinoises, afin de les aider à atteindre un large public ». Ce nouveau poste créé par Twitter rentre dans une stratégie plus globale de plusieurs entreprises américaines de rapprochement avec la Chine, comme l’a fait Facebook par exemple.