La présidente du Brésil, Dilma Roussef, lors d'une conférence de presse, le 18 avril à Brasilia. | ADRIANO MACHADO / REUTERS

« Indignée. » C’est ainsi que la présidente brésilienne de gauche, Dilma Rousseff s’est décrite, lundi 18 avril, au lendemain de l’approbation de sa procédure de destitution par la Chambre des députés. En préambule d’une conférence de presse, elle a réaffirmé n’avoir commis « aucun crime ».

« J’ai reçu 54 millions de voix et je me sens victime d’une profonde injustice. »

« Je ne me laisserai pas abattre, le combat ne fait que commencer », a ajouté l’impopulaire dirigeante de gauche se référant à la deuxième et dernière étape du processus qui va s’ouvrir bientôt au Sénat. Et cette dernière d’affirmer que les tours de passe-passe budgétaires qui lui sont reprochés ont été pratiqués par tous ses prédécesseurs sans que cela ait été jugé illégal. « On me réserve un traitement qui n’a été réservé à personne », s’est insurgée Mme Rousseff, les traits tirés et visiblement éprouvée.

MM. Temer et Cunha pris pour cible

La dirigeante s’en est par ailleurs pris de manière voilée au président du Congrès des députés, Edaurdo Cunha, inculpé de corruption dans le scandale Petrobras et qui est perçu comme l’instigateur de la procédure de destitution la visant. « Il ne pèse sur moi aucune accusation d’enrichissement illicite. Moi, je n’ai pas de comptes à l’étranger », a-t-elle souligné.

La présidente de gauche a aussi pris pour cible son vice-président Michel Temer, du même parti centriste PMDB que M. Cunha, et qui brigue ouvertement son fauteuil. Celui-ci a déjà entamé des consultations pour former un gouvernement de transition.

« Il est très étrange et révélateur aussi de voir un vice-président en exercice conspirer ouvertement contre une présidente. Dans aucune démocratie au monde une personne qui ferait cela serait respectée. »

« Coup d’Etat avec l’apparence d’un processus légal »

Mme Rousseff a par ailleurs rappelé son passé d’ex-guérilléra marxiste torturée sous la dictature militaire pour souligner qu’elle poursuivait toujours le même combat « en faveur de la démocratie ».

« Dans ma jeunesse j’ai affronté la dictature par conviction. J’affronte aujourd’hui dans ma maturité un coup d’Etat, pas un coup d’Etat traditionnel comme ceux de ma jeunesse mais un coup d’Etat avec l’apparence d’un processus légal. »

Elle a par ailleurs fait savoir qu’elle n’envisageait pas pour l’heure de proposer une réforme constitutionnelle pour convoquer des élections anticipées, en réponse à un journaliste : « Ce que je ne peux accepter, c’est que cette procédure de destitution ne respecte pas la légalité. Toutes les autres possibilités peuvent et doivent être évaluées. Mais je ne l’envisage pas cela maintenant. »