Lors du vote de la Chambre des députés du Brésil sur la procédure de destitution de la présidente Dilma Rousseff, le 17 avril. | UESLEI MARCELINO / REUTERS

A session historique sur le fond, session historique également sur la forme. Le vote de la Chambre des députés, dimanche 17 avril, sur la procédure de destitution entamée contre la présidente de gauche Dilma Rousseff a été émaillée de faits et gestes insolites de la part des élus brésiliens.

Outre les classiques cris, bousculades et autres invectives partisanes, les quelques-uns des 511 membres présents − deux députés étaient absents − dans « la maison du peuple » ont parfois profité de leurs dix secondes de temps de parole pour laisser leur trace sur ce scrutin historique retransmis en direct à la télévision et sur Internet.

Dans des déclamations virant parfois à la posture théâtrale, certains se sont servis de cette tribune pour prendre le temps et la lumière et adresser des messages personnels, sans grand rapport avec les manœuvres fiscales officiellement reprochées à Mme Rousseff.

« Pour ma famille et pour mes fils Sergio et Roberto, je vote pour » la destitution, a ainsi déclaré Simao Sessim, du Parti progressiste (PP), qui a opté pour le clin d’œil familial, relativement récurrent lors du vote. Soraya Santos, du parti centriste d’opposition PMDB, poing levé, en a ainsi fait de même en ayant une pensée pour ses « petits-enfants Arturo et Sofia ».

Outre les multiples invocations à Dieu et à Jésus, il y eut aussi un propos s’opposant à la liberté sexuelle, et d’autres invoquant le contraire. Des mots très durs ont aussi été adressés à l’encontre du président controversé de l’Assemblée, Eduardo Cunha, considéré comme la cheville ouvrière de la procédure en destitution, et qui a dû encaisser sans ciller des insultes comme « bandit », « canaille », « corrompu ».

Une bousculade pour ouverture

La parlementaire de droite Cristiane Brasil a de son côté choisi d’apparaître devant des millions de spectateurs revêtue d’un maillot de l’équipe de foot du Brésil. D’autres de ses collègues avaient choisi le drapeau national, ou de leur Etat régional.

L’effervescence de ce jour J pour les députés après des jours de tensions, calculs et accusations de trahison s’était manifestée dès leur entrée dans l’enceinte parlementaire. Un groupe de députés de l’opposition qui s’était réuni près de la porte de l’hémicycle fut ainsi heurté par un autre favorable à Dilma Rousseff, dans un choc qui a provoqué un spectacle cocasse de bousculades, de cris, de menaces et de visages aux expressions agressives.

Sous la pression, la paroi séparant l’hémicycle et son antichambre a ainsi été renversée. C’est avec cette spectaculaire algarade que les représentants du peuple ont ouvert les hostilités d’un vote historique.