L’an dernier, les comptes courants ont capté un tiers des 103,7 milliards d’euros de flux d’épargne enregistrés en 2015, selon les derniers chiffres publiés par la Banque de France. | JEAN-SEBASTIEN EVRARD / AFP

Amorcé en 2014, le phénomène s’est amplifié tout au long de 2015. L’an dernier, les Français ont privilégié les comptes courants pour placer leurs noisettes. Ce produit a capté un tiers des 103,7 milliards d’euros de flux d’épargne enregistrés en 2015, selon les derniers chiffres publiés par la Banque de France.

Dans le même temps, les livrets ont subi une baisse de 8,5 milliards d’euros et l’épargne logement a gonflé de 22,8 milliards. Les comptes courants dépassent même les fonds en euros de l’assurance-vie, qui ont récolté 32,8 milliards d’euros. Cet intérêt peut surprendre. Les comptes courants n’étant pas rémunérés, les sommes placées dessus ne rapportent rien et sont donc grignotées par l’inflation (qui est très faible).

Désenchantement

La logique voudrait donc que les particuliers remplissent leur livret A, continuent d’abonder leur épargne logement ou leur contrat d’assurance-vie. Oui mais le premier offre un rendement facial si faible (0,75 %) que les Français ne prennent même plus la peine d’y transférer leur épargne. « Nous assistons à une certaine résignation dans le contexte de taux bas actuel », note Philippe Crevel, directeur du Cercle de l’épargne.

Quant aux deux autres placements, ils sont certes un peu plus rémunérateurs (les plans d’épargne logement ouverts depuis le 1er février rapportent 1,5 % ; le taux du fonds en euros de l’assurance-vie a atteint 2,3 %, en moyenne, en 2015), mais ils sont aussi plus contraignants.

« Ce comportement traduit à la fois une prudence face à la situation économique, les particuliers préférant conserver une part importante de leur épargne disponible, et un désenchantement vis-à-vis des placements sans risque, note M. Crevel. D’un point de vue économique, cette situation est négative à double titre : l’épargne placée sur les comptes courants est stérile et les Français préfèrent assurer leurs arrières plutôt que de consommer. »