Le maire de Nice a déclaré qu’il y avait eu « 24 millions d’euros de dégâts » place de la République à Paris. C’est faux. | VALERY HACHE / AFP

« En période d’état d’urgence, ce devrait être interdit de manifester. » Mardi 3 mai, sur France Info, comme d’autres responsables politiques de droite avant lui, Christian Estrosi s’est prononcé pour l’interdiction du mouvement Nuit debout, qui occupe chaque soir, depuis plus d’un mois, la place de la République à Paris.

Ce qu’il a dit :

Le maire Les Républicains de Nice a dénoncé le montant des dégradations causées, selon lui, par le mouvement Nuit debout à Paris : « 24 millions d’euros de dégâts place de la République, 400 policiers blessés, mais quel est le Français qui peut admettre cela ? » Et d’ajouter : « Vous ne pensez pas que les services de sécurité ont plus à faire pour protéger les Français que de devoir contenir des casseurs ? Il faut que cela cesse. Un plan Vigipirate doit avoir une signification. »

POURQUOI C’EST FAUX

L’intox des « 24 millions d’euros de dégâts » place de la République

Comme l’a relevé L’Express, ce chiffre n’est pas une estimation des dégradations liées à Nuit debout. C’est en fait le montant du réaménagement complet de la place entre 2012 et 2013.

La mairie de Paris n’a pour l’heure pas porté plainte contre des dégradations du mouvement. Ces dernières se limitent à des tags, des dalles déplacées mi-avril pour créer un potager (et remises en place depuis) et un départ d’incendie à l’entrée du métro République.

Contactée par Le Monde, la police ajoute néanmoins à ce bilan « entre 20 et 30 commerces victimes de dégradations » autour de la place, du fait des « casseurs » en marge du mouvement. Il s’agit notamment de vitrines brisées ou de jets de peinture.

400 policiers blessés ? C’est moins

La police compte seulement cinq policiers blessés, tous légèrement, en lien avec les rassemblements de Nuit debout à Paris. Environ cent participants ont été interpellés, principalement pour port d’armes prohibées ou jets de projectiles.

Si l’on élargit aux manifestations contre la loi travail, le ministère de l’intérieur évoquait mi-avril 151 policiers et gendarmes blessés depuis le début du mouvement, auxquels se rajoutent 78 autres blessés jeudi 28 avril et un supplémentaire le 1er mai. Soit, au total, au moins 230 blessés.