Nom complet, adresse du domicile et numéro d’identité : entre le 1er mai et le 30 juin, le Trésor public espagnol rendra publique la liste actualisée des grands redevables du fisc, personnes physiques ou entreprises dont les impayés s’élèvent à plus d’un million d’euros. C’est la deuxième fois que le ministère des finances se livrera à cet exercice qui avait mis au jour, le 23 décembre 2015, l’identité de plus de 4 800 mauvais payeurs, pour un montant total de 15,6 milliards d’euros dus.

La mesure avait été promise de longue date par le ministre Cristobal Montoro, qui a fait de la lutte contre la fraude et les impayés son cheval de bataille, après avoir décidé, en 2012, au début de législature, une généreuse amnistie fiscale.

Possibilité de remettre leurs comptes en ordre

Visant à jeter l’opprobre sur les contribuables défaillants, la mesure n’est pas très éloignée des méthodes d’entreprises de recouvrement de dettes, comme l’« encaisseur au frac » ou le « monastère du recouvrement » ( El Cobrador del frac, El Monasterio de cobro), qui pourchassent les mauvais payeurs déguisés en moines ou en costume trois pièces, en faisant un bruit fou pour les signaler, et qui ont fait leurs choux gras de l’augmentation des impayés durant la crise.

Que dire de Dani Pedrosa, triple champion du monde de moto et idole des jeunes Espagnols, qui doit 7,8 millions d’euros au fisc

Mais, avant de jeter leur nom en pâture, le fisc donne aux contrevenants une dernière chance : les contribuables en cause sont prévenus dix jours avant la publication de la liste, afin de leur laisser la possibilité de remettre leurs comptes en ordre. Passé ce délai : honte à eux !

C’est ainsi un bien mauvais exemple qu’a donné l’ex-patron des patrons, et alors président de la chambre de commerce de Madrid, Arturo Fernandez, avec deux entreprises figurant dans la liste, pour un montant total 10 millions d’euros. Sous la pression, il a finalement démissionné en février dernier. Ou encore le journaliste de droite César Vidal, connu pour ses best-sellers historiques, et dont la dette auprès du fisc atteint les 2,5 millions d’euros.

Sport et immobilier

Que dire de Dani Pedrosa, triple champion du monde de moto en différentes catégories et idole des jeunes Espagnols, qui doit la bagatelle de 7,8 millions d’euros au fisc, ou l’ancien président du Real Madrid Lorenzo Sanz (1995-2000), dont la dette s’élève à 1,3 million d’euros. Le monde du sport est d’ailleurs plutôt bien représenté dans la liste des mauvais payeurs, avec une vingtaine de clubs sur la sellette, soit 100 millions d’euros de dette conjointe, avec notamment les clubs de foot de Santander, Huelva, Alicante ou Murcie.

Mais la championne en titre est la compagnie immobilière Reyal Urbis, en redressement judiciaire depuis trois ans, dont la dette fiscale s’élève à 378 millions d’euros. Elle n’est pas la seule représentante de ce secteur particulièrement frappé par la crise. Martinsa-Fadesa, dont la faillite avait fait trembler l’Espagne en 2008, en laissant 7 milliards d’euros de passif, actuellement en processus de liquidation, doit 65 millions au fisc. La liste des mauvais payeurs est aussi une photo des vestiges de huit ans de crise…