Des sites d’extrême droite mettent en avant une citation d’un conseiller communal qui a été exagérée, selon l’intéressé. | DIRK WAEM / AFP

A Molenbeek, « 90 % des élèves considèrent les terroristes de Bruxelles ou Paris comme des héros ». Cette citation, attribuée à un élu socialiste de Bruxelles, fait les gros titres de sites d’extrême droite depuis mardi 12 avril. De nombreux comptes Twitter de la mouvance s’empressent de relayer la statistique sur les réseaux sociaux.

Preuve de la véracité de ce chiffre, selon ces sites : il est tiré d’un article du très sérieux New York Times publié le 7 avril. Pourtant, si l’on regarde dans le détail, l’affaire a été montée en épingle à partir de peu de chose.

Au départ, une déclaration d’un élu bruxellois...

Yves Goldstein est un conseiller communal socialiste et chef du cabinet du ministre-président de la région bruxelloise. C’est lui qui aurait tenu les propos en question, rapportés ainsi par le New York Times : « Des amis qui enseignent dans l’équivalent des lycées dans les districts principalement musulmans de Molenbeek et Schaerbeek lui ont dit que 90 % de leurs élèves, de 17, 18 ans, les ont qualifiés [les terroristes de Bruxelles et Paris] de héros”. »

Le reste de l’article est principalement centré sur les constats amers de l’élu de 38 ans concernant la situation de son pays. « On a échoué à Molenbeek », tranche-t-il, regrettant une forme de cassure dans la société belge et la constitution de « ghettos ».

...qui a été exagérée, selon l’intéressé

Contrairement au New York Times, c’est le chiffre choc que les sites d’extrême droite mettent en avant :

Les Observateurs.ch

Pourtant, Yves Goldstein a lui-même largement nuancé ses propos depuis, en s’exprimant dans le journal flamand Het Nieuwsblad :

« Juste après les attentats, j’ai dit lors d’une conférence avoir un ami enseignant à Bruxelles qui m’a dit qu’une partie importante de ses élèves n’avait pas condamné les faits. Le “New York Times” a ensuite extrapolé. »

L’élu affirme par ailleurs ne pas avoir été en contact direct avec le journal américain. Yves Goldstein maintient en revanche son constat selon lequel « il y a un gros problème avec une partie de la jeunesse musulmane qui affiche de la sympathie envers l’Etat islamique. »

Reste que, comme en France après les hommages à Charlie Hebdo perturbés dans certaines écoles en janvier 2015, les propos favorables aux terroristes restent difficiles à chiffrer et à interpréter.