Lucas Hernandez au duel avec Lionel Messi lors du match retour des quarts de finale de Ligue des champions au stade Vicente-Calderon. | Francisco Seco / AP

Après avoir contenu Messi, Suarez et Neymar, arrivera-t-il à museler Lewandowski, Douglas Costa ou Müller ? Le mercredi 27 avril, Lucas Hernandez entame avec une demi-finale de Ligue des champions un nouveau chapitre de son improbable début de carrière. Sur la pelouse du stade Vicente-Calderon, le jeune (20 ans) défenseur français de l’Atlético Madrid jouera seulement son troisième match européen, face à un géant, le Bayern Munich.

Le sempiternel « tout va très vite dans le football » s’applique aujourd’hui très bien au cas de Lucas Hernandez. Il y a quelques semaines, il n’avait jamais disputé un match au niveau professionnel. Diego Simeone, l’entraîneur des Colchoneros, allait pourtant lui confier les clés de la défense centrale face au FC Barcelone, la meilleure équipe européenne des dernières années, pour un quart de finale de Ligue des champions. Un choix contraint par les blessures de Gimenez et Savic, les deux pensionnaires de la défense madrilène aux côtés de Diego Godin.

Une confiance réciproque

Mais un choix qui n’en est pas moins un signe de confiance de la part de Simeone. Le technicien argentin, qui a su faire de l’Atlético une grande équipe européenne, n’est pas du style à s’en remettre au hasard. Surtout dans un match d’une telle importance. Lors des deux confrontations face au Barça, le défenseur français donnera raison à son coach, en permettant notamment à son équipe de ne pas encaisser de but lors du match retour à Madrid.

Lucas Hernandez et ses coéquipiers célèbrent leur qualification en demi-finales de Ligue des champions après leur victoire 2 buts à 0 face à Barcelone. | Sergio Perez / REUTERS

Dans une interview parue dans le journal El Pais du 27 avril, le Marseillais de naissance fait preuve d’une étonnante sérénité, alliée à une grande candeur : « Avant les matchs, je ressens ce chatouillement dans le ventre qui est bon, mais une fois sur le terrain, je veux seulement prendre du plaisir. »

Cette apparente innocence est en réalité être un signe de confiance dans un effectif qu’il côtoie depuis deux ans. Un effectif où la solidarité et le travail collectif participent à créer un bloc défensif extrêmement solide. A l’Atlético, le premier défenseur est Antoine Griezmann, l’attaquant de pointe de l’effectif. Toujours dans les colonnes d’El Pais, Lucas Hernandez souligne l’importance de ce schéma de jeu dans son intégration : « Je savais que ça allait être difficile, que j’avais en face de moi Messi, Luis Suarez et Neymar, les meilleurs du monde, mais avec le bloc que l’on avait, ils m’ont rendu la tâche plus aisée»

Titulaire lors des huit derniers matchs

Aligné lors des huit derniers matchs de l’Atlético, le fils de Jean-François Hernandez, ancien colchonero lui-même, fait mieux que limiter la casse, en l’absence de Gimenez et Savic. Sur les quatre derniers matchs, l’Atlético n’a encaissé aucun but. Une série que les madrilènes souhaitent poursuivre face au Bayern Munich, meilleure attaque de la Ligue des champions avec 29 buts. Pour cela, Hernandez, au cœur de la meilleure défense de la compétition (quatre buts encaissés), devra contenir les assauts d’un des buteurs les plus prolifiques au monde, le Polonais Robert Lewandowski, auteur de huit buts en dix matchs de Ligue des champions.

Une mission qui ne fait pas peur au jeune soldat de Diego Simeone, qui après son baptême du feu face à la « MSN » (Messi, Suarez, Neymar), analyse froidement le plan à adopter : « Il faut forcer Lewandowski à recevoir les ballons dos au but et qu’il ne puisse pas se retourner. »

Pour neutraliser Douglas Costa et Ribéry, deux provocateurs en un contre un, il faudra « être près du latéral pour le couvrir ». Le pragmatisme et la lucidité avec laquelle le jeune français aborde ce type de match a de quoi étonner. Mais cela est en réalité le fuit d’une intégration moins soudaine qu’elle n’y paraît.

Une intégration pas si soudaine

Diego Simeone a pris le temps de faire fructifier sa jeune pousse. Depuis la saison dernière, Lucas Hernandez est intégré au groupe professionnel avec lequel il s’entraîne. Le Français insiste également sur l’expérience qu’il a engrangée auprès de défenseurs de métier comme Diego Godin. C’est d’ailleurs à cause de la blessure du patron de la défense madrilène que le jeune Colchonero sera aligné face au Bayern.

Cette demi-finale de Ligue des champions sera donc l’occasion pour Lucas Hernandez de continuer à faire parler de lui, et d’entrer un peu plus dans la cour des grands. Il est bien trop tôt pour se prononcer sur l’avenir de sa carrière, qui n’est aujourd’hui qu’à un stade embryonnaire. Mais il ne fait pas de doute que sa prestation sera suivie de près, notamment par Didier Deschamps.

Depuis le contrôle antidopage positif de Mamadou Sakho, la composition de la défense de l’équipe de France pour l’Euro est incertaine. Avec quatorze matchs au niveau professionnel, il serait toutefois précipité de déjà voir Lucas Hernandez revêtir le maillot des A – il joue aujourd’hui pour les moins de 20 ans. Mais aucune hypothèse ne peut être écartée. Il y a un mois, peu de monde l’aurait imaginé disputer une demi-finale de Ligue des champions.