Manuel Valls et Myriam El Khomri ont reçu le 11 avril à Matignon des organisations de lycéens et d’étudiants. | CHARLES PLATIAU / REUTERS

Aide à la recherche d’emploi, bourses, couverture santé, logement… Le premier ministre, Manuel Valls, a présenté aux organisations de lycéens et d’étudiants, réunies à l’hôtel Matignon lundi 11 avril en fin de matinée, une série de mesures pour lutter contre la précarité des jeunes à l’entrée sur le marché du travail. Des mesures applaudies par les syndicats d’étudiants et de lycéens, qui affichent toutefois toujours leur opposition à la réforme du code du travail.

Ces mesures seront intégrées au projet de loi égalité et citoyenneté, présenté mercredi, ou feront l’objet d’un amendement au projet de réforme du code du travail. Matignon chiffre à entre 400 et 500 millions d’euros par an le coût de ces mesures, qui n’ont pas pour objectif d’« éteindre une contestation », mais de « répondre à des inquiétudes profondes qui nécessitent une réponse dans la durée », a assuré le premier ministre. Et « il ne s’agit pas de modifier ou de faire évoluer la loi travail », actuellement dans sa phase parlementaire.

« Nous avons franchi un cap important »

Les organisations de lycéens et d’étudiants, dont plusieurs font partie de l’intersyndicale contre le projet de loi depuis plus d’un mois – l’Union nationale des étudiants de France (UNEF), l’Union nationale lycéenne (UNL), le Syndicat général des lycéens (SGL) et la Fédération indépendante et démocratique lycéenne (FIDL) – ont en effet salué les annonces de M. Valls. William Martinet, le président de l’UNEF, s’est dit « satisfait » du rendez-vous à Matignon :

« Parce que les jeunes se sont mobilisés et ont relevé la tête, ils ont réussi à obtenir des mesures fortes pour leur insertion professionnelle et leurs conditions de vie. Nous avons franchi un cap important, nous avons réussi à obtenir satisfaction sur des revendications. »

Pour autant, « tout ça ne lève pas tous les désaccords, notamment sur la loi travail », a poursuivi William Martinet, « c’est pour ça que l’UNEF reste solidaire de l’intersyndicale » et de son appel à manifester le 28 avril.

Même son de cloche du côté des syndicats lycéens membres de l’intersyndicale. « Il y a clairement des mesures positives pour la jeunesse, notamment pour les apprentis et les lycées professionnels », a réagi Zoïa Guschlbauer, présidente de la FIDL. « Ça va dans le bon sens », a approuvé l’UNL. Ces deux organisations ont aussi confirmé leur participation, avec des syndicats de travailleurs, à la nouvelle journée de mobilisation pour obtenir le retrait de la réforme du code du travail.

Surtaxation des CDD

Le gouvernement amendera le projet de réforme du code travail pour rendre obligatoire la surtaxation des CDD, lesquels concernent 87 % des premières embauches, afin de favoriser les embauches en CDI. Cela passera par la modulation des contributions patronales à l’assurance-chômage, dont les partenaires sociaux sont invités à définir les conditions.

C’était attendu : à côté de la garantie jeunes pour les 16-25 ans peu ou pas diplômés, une aide à la recherche du premier emploi sera créée à la rentrée 2016 pour les diplômés d’origine modeste, du certificat d’aptitude professionnelle (CAP) au diplôme d’ingénieur, qui entrent sur le marché du travail en situation d’inactivité. Ainsi, les boursiers continueront à toucher leur bourse pendant quatre mois après leur diplôme. Cela représente une dépense potentielle de 130 millions d’euros par an.

Augmentation des apprentis

D’autres mesures sont destinées à améliorer les conditions de vie des jeunes. Une garantie locative universelle sera mise en place. L’Etat et Action logement se porteront garants de tous les moins de 30 ans souhaitant louer un logement. Cela pourrait concerner 300 000 d’entre eux, et coûter une centaine de millions d’euros. En outre, 25 000 étudiants ne perçoivent aucune aide financière mais sont dispensés de payer les droits d’inscription à l’université. Ils percevront désormais 1 000 euros par an. La mesure, destinée à aider les classes moyennes, représente 25 millions d’euros. Les bourses versées aux lycéens sur critères sociaux seront revalorisées de 10 %, pour un coût de 28 millions d’euros.

Les jeunes en rupture avec leur famille bénéficieront d’une couverture maladie universelle complémentaire (CMU-C). La mesure, qui devrait concerner 30 000 à 50 000 jeunes, représente une dépense de 15 à 20 millions d’euros.

La rémunération des apprentis les plus jeunes, moins bien payés, sera revalorisée. Une enveloppe de 80 millions d’euros dans le budget de 2017 permettra une augmentation de 300 à 400 euros par an pour les apprentis de moins de 20 ans. Enfin, un plan de création de 2 000 places en section de technicien supérieur (qui délivre le BTS) par an pendant cinq ans sera lancé à la rentrée 2016, pour un coût de 120 millions d’euros sur cinq ans.