Les forces de l’ordre montent au créneau, plus de deux semaines après le début du mouvement social pour « l’égalité réelle » avec la métropole, qui paralyse Mayotte. Des policiers ont enlevé jeudi 14 avril plusieurs barrages routiers tenus par les syndicalistes, mais une dizaine restaient encore en activité en début de soirée, selon la préfecture.

Plus tôt dans la journée, le préfet de Mayotte avait ordonné la levée de tous les barrages tenus par les syndicalistes. « Que les gens aient le droit de grève, oui, qu’ils expriment leur mécontentement, oui, mais qu’ils gênent l’activité et la circulation du département, non », a déclaré Seymour Morsy devant la presse, désireux de faire lever tous les points de blocage de l’île dans la journée.

« On maintient les barrages partout »

Cette mesure ne semble pas décourager les manifestants dans leurs actions. Le syndicaliste CGT Roger Combarel a rappelé que « les consignes de l’intersyndicale sont claires : tant que les négociations à Paris ne donnent rien, on maintient les barrages partout où c’est possible, partout où il y a des militants ». « Si les barrages sont levés par les forces de l’ordre, ils seront rétablis cinq minutes après », a-t-il ajouté, sans appeler à l’affrontement.

Selon Frédéric Muller, syndicaliste du SNEP, le mouvement devrait être reconduit vendredi selon les mêmes modalités que ces derniers jours, à savoir blocages des routes du nord, du sud et du centre de l’île.

Des représentants syndicaux mahorais doivent être reçus vendredi matin au ministère des outre-mer à Paris. L’intersyndicale a prévu de se réunir samedi après-midi pour décider de la suite du mouvement, en fonction du résultat de ces échanges.

Des renforts envoyés sur l’île

Après plusieurs nuits de violences urbaines orchestrées par des groupes de jeunes cagoulés qui ont caillassé voitures et habitations, en marge du mouvement social, la nuit de mercredi à jeudi a été calme à Mayotte, selon les autorités.

Un peloton de 16 gendarmes de La Réunion est arrivé en renfort mercredi sur le territoire de Mayotte même si « les policiers et les gendarmes ont autre chose à faire que de lever des barrages », a regretté le haut représentant de l’Etat. Des barrages subsistaient en fin d’après-midi notamment au sud et au nord de l’île, a précisé la gendarmerie.

Une grève générale a été lancée par une intersyndicale (FSU, FO, CGT, Solidaires, SNUipp, CFDT, SAEM) le 30 mars pour réclamer « l’égalité réelle », c’est-à-dire l’alignement de Mayotte, devenue 101e département français en 2011, sur la métropole, en matière de code du travail, de prestations sociales, de salaires ou de services publics. Un rapport de la Cour des comptes a souligné en janvier les retards de l’île dans la mise en place du droit commun.