Maya Surduts, le 23 novembre, à Paris. | MARION RUSZNIEWSKI/AFP

C’était une grande voix du féminisme, au sens propre comme au figuré. La militante Maya Surduts, présidente de la Coordination des associations pour le droit à l’avortement et la contraception (CADAC), co-porte parole du Collectif national pour les droits des femmes (CNDF) est décédée le 13 avril 2016, emportée soudainement par une grave maladie.

Figure emblématique du mouvement associatif contestataire, elle avait 79 ans. Son âge ne l’empêchait pas de fréquenter les manifestations, ni de rester très active dans le mouvement féministe, en prenant part aux débats qui l’agitent.

« Depuis déjà plusieurs semaines, sa santé nous préoccupait, a réagi la ministre des droits des femmes, Laurence Rossignol, dans un communiqué. Il y a tout juste huit jours, pour l’adoption définitive de la loi sur le système prostitutionnel, toutes les féministes étaient rassemblées et son absence occupait tout l’espace. »

Née le 17 mars 1937 à Riga (Lettonie) dans une famille juive, Maya Surduts a beaucoup voyagé et consacré sa vie au militantisme. D’abord à Révolution, un groupe trotskiste, dans les années 1970, puis à la Ligue communiste révolutionnaire (LCR). Elle adhère également au Mouvement pour la liberté de l’avortement et de la contraception (MLAC), créé en avril 1973 dans le but de légaliser l’interruption volontaire de grossesse en France.

Maya Surduts, porte-parole du Collectif des droits des femmes, lors d'une manifestation devant le Sénat, à Paris, le 11 juillet 2012. | MARION BERARD/AFP

Dans les années 1990, elle participe à la création de Ras l’front, un mouvement antifasciste, animant notamment la réflexion contre les thèses réactionnaires sur les femmes et la famille du Front national, et à celle de la Coordination des associations pour le droit à l’avortement et à la contraception. Elle ne rate aucune des mobilisations contre les commandos anti-avortement, notamment SOS tout-petits, qui tentaient de bloquer les cliniques pratiquant les interruptions volontaires de grossesse.

« Charismatique, elle a imprimé sa marque dans le mouvement féministe de sa grande voix et de sa détermination et restera une personnalité inspirante pour les plus jeunes militant(e)s. », a réagi le Haut conseil pour l’égalité entre les femmes et les hommes.

« Elle n’a jamais cédé ni sur la dénonciation de la domination sexiste et patriarcale, ni sur celle de l’exploitation. Elle a été de toutes les luttes pour faire respecter les droits des femmes, lutter contre toutes les formes de violence, a rappelé le secrétaire national du PCF, Pierre Laurent. Elle a beaucoup contribué à ce que le droit à la contraception et à l’IVG soit non seulement reconnu mais surtout mis en place. »

De son côté, la CGT, partie prenante du Collectif national pour les droits des femmes, a aussi rendu hommage « à cette grande militante féministe qui aura marqué son temps ». « Nous garderons en mémoire sa ténacité, nous nous engageons à continuer ce combat aussi vigoureusement aux côtés des organisations féministes », conclue la centrale syndicale.