Barack Obama à Londres le 23 avril 2016. | JUSTIN TALLIS / AFP

Détendu, en bras de chemise, sur un ton légèrement paternaliste, Barack Obama s’est offert, samedi 23 avril, à Londres, un étonnant exercice introspectif, à mi-chemin entre le bilan de ses deux mandats de président des Etats-Unis et les conseils à la prochaine génération. Pendant une heure et quart, il a répondu à des questions tous azimuts de quelques centaines de jeunes Britanniques et Américains. Si l’assemblée avait été soigneusement sélectionnée —beaucoup faisaient partie des « Young Leaders », un programme des 18-30 ans censés incarner les futurs dirigeants du monde, les questions n’avaient en revanche pas été anticipées.

Le message envoyé aux jeunes était dans la droite ligne du « yes we can » de son début de mandat : « Je vous implore de rejeter la tentation du repli. Il faut avoir une vision plus optimiste, de long terme. (…) Il faut rejeter le pessimisme. » Barack Obama estime que la mondialisation est une chance, pas une menace. « La réponse à la mondialisation n’est pas de lever le pont-levis, mais d’inclure des règles dans les accords de libre-échange pour protéger les droits des travailleurs et les normes environnementales, a-t-il dit. Défendant la préparation du TTIP, le traité transatlantique en cours de négociation, le président américain prend comme exemple l’accord conclu récemment avec la zone pacifique, qui a notamment permis d’imposer au Vietnam une meilleure reconnaissance des syndicats dans les usines.

« Soyez un peu fous [...] mais... »

Dans l’ensemble, M. Obama s’est contenté de grandes généralités, livrant néanmoins une vision intéressante de son approche de la Maison Blanche. En tant que président des Etats-Unis, la sécurité des Américains est sa priorité, mais « ce n’est pas qu’une affaire de militaires », la diplomatie joue également un rôle clé. Face à ces jeunes qui sont souvent des activistes, comme il le fut à ses débuts, M. Obama met en garde contre la radicalisation et le refus de tout compromis. « Faites du bruit et soyez un peu fous, pour mettre en lumière un problème, mais une fois que les gens au pouvoir vous écoutent, préparez votre travail et ayez des propositions concrètes. » Il regrette de voir « des activistes formidables » qui refusent des avancées concrètes de peur de compromettre « la pureté de leur cause ».

Il rappelle qu’il a fallu un siècle et une guerre civile pour que l’interdiction de l’esclavage soit inscrite dans la Constitution américaine, puis encore un siècle avant que les lois du Civil Rights Acts imposent l’égalité de traitement pour les Noirs, et qu’un demi-siècle plus tard, tout n’est pas parfait : « Ce n’est pas fini, même avec un président noir. »

L’exercice a également été l’occasion de faire son bilan, à huit mois de la fin de son mandat. De quoi M. Obama est-il fier ? Il cite comme réussite l’« Obamacare », qui a réussi à imposer « le principe de base » selon lequel tout le monde doit avoir accès à un système de santé gratuit. « Sauver l’économie mondiale de la grande récession était pas mal aussi », dit-il en référence à son action en 2009 pour relancer la croissance. Concernant l’international, il retient comme succès l’accord nucléaire conclu avec l’Iran, « sans avoir eu recours à la guerre ». Enfin, il dit de la lutte contre le virus Ebola qu’elle est une victoire sous-estimée : « Pendant les trois premières semaines, tout le monde était hystérique. Ensuite, tout le monde a oublié. » C’est parce que, selon lui, le travail sur le terrain pour enrayer l’épidémie a permis d’éviter « des centaines de milliers de morts ». Elle en a fait plus de onze mille.