Basile Boli lors du match Sochaux-Marseille le 20 avril au stade Bonal. | SEBASTIEN BOZON / AFP

Il a offert la première et unique Coupe d’Europe à la France. Le 26 mai 1993, face au grand Milan AC, Basile Boli est entré dans l’histoire d’un coup de tête rageur, resté dans toutes les mémoires, qui a fait de lui une légende dans la Cité phocéenne.

Aujourd’hui, à 49 ans, le natif d’Abidjan se trouve de nouveau sous les feux des projecteurs de l’actualité olympienne, au sein d’un club qui n’a plus que ses souvenirs pour rêver. L’ancien ­défenseur central a été nommé « coordinateur sportif » de l’Olympique de Marseille, mardi 19 avril, après le limogeage de l’entraîneur espagnol Michel. Un poste aux contours flous, à l’image de la ­trajectoire alambiquéeet des ­positions changeantes de Boli depuis sa retraite sportive en 1996.

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Si son retour officiel dans le ­giron du club olympien s’est fait en septembre 2015, à la demande du président Vincent Labrune, en tant qu’ambassadeur chargé de développer des partenariats, le vrai retour de Boli à Marseille date du 27 mai 2013. Jusqu’alors, Boli s’était fait rare dans le stade de ses exploits. Lors de la fête célébrant les vingt ans de la victoire en Ligue des champions de l’OM, au Stade-Vélodrome, il ne s’était d’ailleurs pas gêné pour allumer Vincent Labrune et les dirigeants de l’époque. « L’OM ne pense pas assez à ses anciens. Si je suis venu ici, c’est parce que mes enfants me l’ont demandé. » La fête avait d’ailleurs failli être annulée sur décision du président Labrune, inquiet de devoir subir une énième comparaison avec son prédécesseur Bernard Tapie. Boli, très remonté, avait conclu : « J’ai l’OM en moi, c’est plus fort que tout. Et personne ne m’empêchera de dire ce que je pense du club ! » Les deux hommes ont depuis trouvé un terrain d’entente, ­l’« ancien » et son franc-parler étant un parfait rempart entre ­Labrune et les supporteurs.

Au Fouquet’s avec Sarkozy

Ces derniers mois, on le voyait arpenter le tunnel qui mène au terrain plus qu’à son habitude, pour prodiguer encouragements et conseils à des joueurs qui ont souhaité qu’il s’investisse dans ce rôle. Michel lui-même lui avait ouvert les portes du vestiaire. Pourtant, le 10 avril, au sortir d’un énième médiocre match nul face à Bordeaux, Boli était sorti de son habituelle réserve pour critiquer l’entraîneur, se disant « surpris et bouleversé » des choix de l’Espagnol. « Ce maillot est important, il a une histoire », avait-il alors martelé. Une histoire que cet ancien rugueux défenseur central, qui a grandi à Romainville, en ­région parisienne, a grandement contribué à forger durant ses ­quatre fantastiques années à l’OM (1990-1994), des larmes de Bari au sacre de Munich.

L’homme est difficile à saisir tant il change facilement d’opinion ou d’attitude, au prix de certaines ­contradictions. Son parcours après sa retraite sportive en est l’illustration. D’abord reconverti en présentateur du « Loto Foot » sur France 3 au début des années 2000, il ne tardera pas à embrasser une carrière politique pour le moins sinueuse.

Alors qu’il avoue sans peine sa sensibilité de gauche, au point d’envisager sa candidature pour les législatives 2007 à Auxerre sous la bannière du PS, il effectue finalement un virage à droite, sur les ­traces de son ancien président, ­Bernard Tapie. Basile Boli, qui ­installe ses bureaux à Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine) en 2005, ­milite ainsi pour Nicolas Sarkozy avant la présidentielle de 2007. Il aura l’insigne honneur d’être convié au fameux dîner du ­Fouquet’s le soir de l’élection. Il est ensuite nommé secrétaire national de l’UMP chargé du développement, un poste qu’il quitte en janvier 2009, quand une affaire judiciaire vient troubler son ascension. Soupçonné d’abus de confiance dans le cadre de la gestion de son association Entreprendre et diriger en Afrique, il est placé en garde à vue mais sera finalement relaxé par la cour d’appel de Versailles en janvier 2016.

Ces déconvenues politiques ­l’ont-elles poussé à revenir à ses premières amours ? Basile Boli fait son grand retour dans le football en 2014, à l’AJ Auxerre. Dans ce club qui l’a formé et révélé au haut ­niveau, il devient conseiller notamment pour la formation. Un passage qui ne laissera pas une trace inoubliable au sein du staff bourguignon. « C’est un travail qui n’a pas complètement abouti mais qui a généré des contacts, le défendait pourtant le président auxerrois Guy Cotret dans les colonnes de L’Equipe, en décembre 2015. On ne s’est pas quittés fâchés. »

Deux ans plus tard, la mission de Boli à l’OM est bien plus lourde. Il n’a que cinq matchs pour devenir, encore une fois, le sauveur de Marseille. Il devra éviter au club la relégation en championnat et galvaniser ses troupes pour battre le Paris-Saint-Germain en finale de la Coupe de France. Un trophée qui échappe aux Phocéens ­depuis 1989.