Le quotidien "La Nacion" a soutenu la candidature présidentielle de Mauricio Macri, (ici le 7 avril 2016 à Buenos Aires). | Natacha Pisarenko / AP

Ironie du sort : après le président de centre-droit, Mauricio Macri, c’est au tour de l’influent quotidien conservateur La Nacion d’apparaître dans le scandale des « Panama papers », sur lequel enquête justement le journal argentin.

La Nacion fait partie des 108 médias internationaux associés à l’enquête du Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ) sur les « Panama papers ».

Les journalistes du quotidien n’imaginaient sans doute pas tomber sur une embarrassante révélation en découvrant les noms du puissant groupe de presse La Nacion S.A. et de son directeur, Luis Saguier, dans les papiers du cabinet d’avocat panaméen Mossack Fonseca, qui ont permis de révéler une vaste opération d’évasion fiscale dans le monde.

Moins de 10 % du capital

Une découverte qui « date de ces derniers jours », a expliqué le quotidien dans son édition dominicale du 10 avril, « car une grande partie des 11 millions de documents auxquels La Nacion a pu avoir accès, grâce au ICIJ et au quotidien allemand Süddeutsche Zeitung, sont toujours en cours de traitement ». Dans un bref communiqué, le journal a expliqué à ses lecteurs que, à la suite de la vente de ses activités d’annonces immobilières et d’offres d’emploi, en 2015, le groupe s’est retrouvé au capital d’une société créée par l’intermédiaire de Mossack Fonseca : Navent Group Ltd, dont l’une des filiales se trouve au Panama. « Les actions représentent moins de 10 % du capital de Navent », a minimisé le communiqué, tout en admettant que M. Saguier siège au conseil d’administration de Navent Group Ltd. Le quotidien a précisé que les informations concernant cette prise de participation avaient été enregistrées à l’époque auprès du registre public du commerce.

Depuis le début de l’enquête des « Panama papers », La Nacion a multiplié les articles soutenant que les sociétés offshore ne sont pas illégales. Au siège du quotidien, dans la banlieue de Buenos Aires, on garde le silence et en particulier les journalistes chargés de l’enquête. La Nacion a soutenu la candidature présidentielle de M. Macri, aujourd’hui éclaboussé par la découverte de trois sociétés offshore où apparaît le nom du chef de l’Etat. A son arrivée au pouvoir, le 10 décembre dernier, M. Macri avait promis transparence et lutte contre la corruption.

Multiplication des scandales

Les scandales se bousculent à Buenos Aires, consolidant la conviction des citoyens de vivre dans une société profondément corrompue où ils doutent de connaître, un jour, la vérité et de voir condamner les coupables.

D’un côté, l’affaire des « Panama papers », dans laquelle sont impliquées quelques 600 personnalités argentines. De l’autre, le défilé quotidien et médiatique devant les tribunaux d’anciens collaborateurs du gouvernement péroniste de Cristina Kirchner (2007-2015), impliqués dans des scandales de corruption. L’ex-présidente s’est présentée devant la justice mercredi 13 avril pour de présumées malversions de la Banque centrale, peu avant son départ du palais présidentiel.