Le cardinal Barbarin lors d'une messe dans la Cathédrale Saint-Jean à Lyon, le 3 avril. | JEFF PACHOUD / AFP

Fragilisé par des affaires de pédophilie et d’agressions sexuelles dans son diocèse de Lyon, qu’on lui reproche de ne pas avoir dénoncées à la justice, le cardinal Barbarin réunit lundi 25 avril les prêtres de l’évêché pour évoquer le sujet et montrer qu’il s’en empare.

Près de 150 prêtres en activité sont attendus dans l’après-midi, à huis clos, dans la chapelle du Centre Valpré d’Ecully, en banlieue lyonnaise. Selon l’invitation qui leur a été adressée, il s’agira de faire le « point sur les affaires en cours », les décisions « déjà prises » et les « orientations nouvelles » en matière de nomination et d’accueil de religieux au sein du diocèse.

Cette réunion pourrait surtout mettre en exergue des divergences de vue dans le clergé lyonnais. Car il y a d’un côté les « négationnistes » et de l’autre les « Savonarole », glisse un prêtre sous le couvert de l’anonymat, en référence au prédicateur italien qui dénonçait au XVe siècle la corruption morale des prélats romains.

Les langues se délient

Les victimes, elles, ont voulu s’inviter à cette « réunion d’information et d’échange » aux allures d’opération de communication. L’association La Parole Libérée qui a permis de mettre à jour les agissements du père Bernard Preynat sur des scouts de la région lyonnaise il y a plus de 25 ans, a envoyé la semaine dernière une lettre aux prêtres du diocèse, leur demandant de se faire « les porte-parole des victimes silencieuses ».

Le cardinal Barbarin est visé par plusieurs plaintes pour non-dénonciation d’agressions sexuelles, la plupart en marge de l’affaire du père Preynat, mis en examen fin janvier. Cinq autres affaires d’agressions sexuelles ou de pédophilie ayant un lien avec le diocèse de Lyon ont émergé depuis, en cours d’enquête ou déjà jugées dans le passé. Et d’autres cas ont été signalés en Guyane et dans le Loiret, signe que les langues se délient après les révélations lyonnaises.

Le cardinal Barbarin, lui, nie vigoureusement avoir couvert de tels faits. Mais face au scandale, l’Église catholique de France, dont la réponse a souvent été jugée trop tiède et les déclarations maladroites, vient d’annoncer une série de mesures dont la création de cellules d’écoute locales pour les victimes et la mise en place d’une commission d’expertise indépendante pour faire « la lumière » sur la pédophilie dans ses rangs.