Vue des deux gigantesques tours réfrigérantes et leur panache de vapeur de la plate-forme Areva du Tricastin, le plus important site d'enrichissement d'uranium en Europe (650 ha), le 4 avril 2011 en bordure du Rhône, entre la Drôme et le Vaucluse. | PHILIPPE DESMAZES / AFP

« Une homogénéisation » avec certains de nos voisins européens pour le gouvernement, « un petit geste notoirement insuffisant » pour les ONG : la ministre de l’environnement et de l’énergie, Ségolène Royal, a annoncé mardi 26 avril que le périmètre d’intervention autour des centrales nucléaires allait être étendu de 10 à 20 kilomètres.

Les plans particuliers d’intervention, ou PPI, prévoient actuellement que chaque civil qui vit dans le périmètre de 10 km doit avoir chez lui des comprimés d’iode. La prise d’iode ne protège pas des radiations, mais permet, en cas de contamination nucléaire faible ou modérée, d’atténuer le risque de développer un cancer de la thyroïde.

La question est revenue sur le devant de la scène cinq ans après la catastrophe de Fukushima. Récemment, nos voisins européens émettent des critiques sur la vétusté des centrales du Bugey (Ain) ou de Fessenheim (Bas-Rhin).

Les associations européennes d’autorités de sûreté et de radioprotection (la Wenra et l’Herca) affirment aujourd’hui que ce périmètre est insuffisant et remettent en cause la stratégie actuelle de protection des populations. Elles recommandaient un élargissement à au moins 20 km, comme l’envisagent également les autorités belges, voire à 100 km. Le président de l’Autorité de sûreté du nucléaire français (ASN), Pierre-Franck Chevet, plaide, lui, pour que le périmètre de distribution d’iode soit étendu à 100 km autour de chaque installation nucléaire civile.

7,4 millions de personnes vivent non loin de Fessenheim

Si le nombre de Français vivant à moins de 10 km d’une centrale nucléaire est plutôt limité, il grossit fortement à mesure que l’on élargit le périmètre. 630 000 personnes vivent en France à moins de 10 km d’une installation. A 20 km, 2,4 millions de personnes sont concernées, soit quatre fois plus. Et si on compte les habitants vivant à 100 km, cela englobe une partie non négligeable de la population française : 9,8 millions de personnes autour de la centrale nucléaire de Nogent-sur-Seine, proche de l’Ile-de-France. Fessenheim, la plus vieille centrale nucléaire française en activité (trente-huit ans), compte 7,4 millions de personnes dans ce même périmètre, dont un nombre important d’Allemands.

Nombre de personnes vivant près d'une centrale nucléaire française


Source : Données caroyées d'Eurostat & AEF

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