Hillary et Bill Clinton lors d'un meeting dans le New Hampshire, le 9 février. | Elise Amendola / AP

C’est une révélation embarrassante pour la candidate démocrate à l’investiture présidentielle Hillary Clinton : une enquête du groupe McClatchy, partenaire des « Panama papers » coordonnés par le Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ), a mis en évidence samedi 16 avril ses liens multiples avec des personnalités ayant eu recours à des sociétés offshore.

Les « Panama papers » en trois points

  • Le Monde et 108 autres rédactions dans 76 pays, coordonnées par le Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ), ont eu accès à une masse d’informations inédites qui jettent une lumière crue sur le monde opaque de la finance offshore et des paradis fiscaux.
  • Les 11,5 millions de fichiers proviennent des archives du cabinet panaméen Mossack Fonseca, spécialiste de la domiciliation de sociétés offshore, entre 1977 et 2015. Il s’agit de la plus grosse fuite d’informations jamais exploitée par des médias.
  • Les « Panama papers » révèlent qu’outre des milliers d’anonymes de nombreux chefs d’Etat, des milliardaires, des grands noms du sport, des célébrités ou des personnalités sous le coup de sanctions internationales ont recouru à des montages offshore pour dissimuler leurs actifs.

Après les premières révélations de l’ICIJ et de ses cent neuf médias partenaires sur le monde opaque des paradis fiscaux et les centaines de personnalités publiques qui avaient eu recours à la firme panaméenne Mossack Fonseca pour dissimuler leurs actifs, Hillary Clinton avait condamné le « scandale des paradis fiscaux », pointant du doigt à la fois les cas de fraude fiscale et des « failles juridiques exploitées par les superriches du monde entier » en toute légalité.

Des donateurs de la Fondation Clinton

Ce sont pourtant ces mêmes failles qu’ont exploitées plusieurs personnalités liées aux époux Clinton repérées dans les « Panama papers » par McClatchy, parmi lesquelles on retrouve :

  • Gabrielle Fialkoff, directrice financière de la campagne sénatoriale de Hillary Clinton en 2000 et l’une des grandes donatrices de sa campagne actuelle, a ouvert en juin 2012 une société offshore aux îles Vierges britanniques. Après plusieurs changements de version, elle a dit avoir entrepris cette démarche pour faciliter l’exportation de biens en Chine, avant d’abandonner le projet.
  • Le Canadien Franck Giustra aurait utilisé une société aux îles Vierges britanniques pour développer ses activités d’extraction d’uranium au Kazakhstan, en 2005, quelques mois après avoir accompagné Bill Clinton dans ce pays du Caucase pour le lancement d’une initiative caritative de la Fondation Clinton, dont il est l’un des grands donateurs. Dans les documents de cette société offshore apparaît aussi le nom de l’investisseur russe Sergei Kurzin, un autre généreux donateur de la Fondation.
  • Le Nigérian Ronald Chagoury, qui a financé à la fois la Fondation Clinton et une conférence caribéenne de Bill Clinton en 2003, disposait lui aussi d’une société offshore, dont l’objet reste inconnu.

Si aucun des montages épluchés par McClatchy ne remonte directement aux époux Clinton, ces révélations pourraient se révéler embarrassantes pour la favorite des sondages à l’investiture démocrate, dont les liens avec les « superriches » et le « grand capital » lui étaient déjà reprochés, notamment pour le financement de sa campagne.