L'ancien président polonais et chef historique du syndicat "Solidarnosc" Lech Walesa, le 6 avril 2016 à Gdansk, en Pologne. | Czarek Sokolowski / AP

Six mois jour pour jour après l’arrivée au pouvoir à Varsovie des ultraconservateurs du PiS (Droit et justice), les trois anciens présidents polonais encore vivant lancent un appel aux citoyens du pays à « défendre la démocratie » contre « l’usurpation du pouvoir » par le parti dirigé par Jaroslaw Kaczynski. Dans une lettre ouverte, publiée le 25 avril en première page du quotidien de centre gauche Gazeta Wyborcza, Lech Walesa (1990-1995), Aleksander Kwasniewski (1995-2005), Bronislaw Komorowski (2010-2015), ainsi que sept autres personnalités, anciens ministres ou opposants historiques au sein du syndicat Solidarnosc, appellent « tous les Polonais » à « s’orienter dans leur travail quotidien«  selon « l’ordre juridique conforme à la Constitution ».

Cet appel intervient alors que le pays est plongé, depuis plusieurs mois, dans une crise institutionnelle sans précédent depuis la chute du communisme. Un conflit qui tourne autour de la nomination de plusieurs juges du Tribunal constitutionnel. La plus haute instance juridique du pays est quasi paralysée depuis que la majorité a voté une série de lois controversées concernant son fonctionnement.

La Commission européenne a entamé à cet égard, mi-janvier, une procédure inédite de « sauvegarde de l’Etat de droit » à l’encontre de Varsovie. Le Conseil de l’Europe a aussi émis un avis très critique, appelant à un compromis entre la majorité et l’opposition. Ce compromis paraît aujourd’hui inatteignable, tant le parti au pouvoir campe sur ses positions. La question a été renvoyée en commission parlementaire où elle fait l’objet d’un dialogue de sourds.

« Autoritarisme et isolement »

« Le PiS n’a pas l’intention de renoncer à la destruction de l’ordre constitutionnel, à la paralysie des travaux du Tribunal constitutionnel et de tout le pouvoir judiciaire », peut-on lire dans l’appel des présidents. « Les déclarations antieuropéennes et xénophobes du pouvoir sapent l’unité européenne (…). Nous passons du statut de partenaire crédible et apprécié au sein de l’UE et de l’OTAN à celui d’un Etat ayant besoin d’une “attention particulière”. Les fondements de notre sécurité et de notre développement économique vacillent. La Pologne se dirige vers l’autoritarisme et l’isolement international. »

« Ces hommes disent : la démocratie c’est nous. Moi, je dis, la démocratie, c’est le libre choix des Polonais qui ont choisi le PiS et son programme », a expliqué aux journalistes la première ministre, Beata Szydlo, aux journalistes. La chef de la chancellerie du premier ministre, Beata Kempa, a qualifié cette initiative de « cris de désespoir de l’establishment ».

Faisant fi des critiques nationales et internationales, Jaroslaw Kaczynski a lui affirmé dans un entretien que le PiS devait « accélérer » ses travaux et « aller de l’avant » dans la réalisation de son programme.