Le 16 octobre 2015, un employé de Médecins sans frontières dans les ruines de l'hôpital de Kunduz. | Najim Rahim / AP

Le bombardement par l’aviation américaine d’un hôpital tenu par Médecins sans frontières (MSF) à Kunduz, l’an dernier en Afghanistan, n’était pas un « crime de guerre » mais une succession d’« erreurs », conclut un rapport d’enquête militaire présenté vendredi 29 avril par le Pentagone.

Quarante-deux personnes ont été tuées et 37 autres blessées dans la destruction de l’établissement le 3 octobre dans la ville du nord de l’Afghanistan. « L’enquête a conclu que certains membres du personnel [militaire] n’avaient pas respecté les règles de l’engagement et le droit des conflits armés. Cependant, l’enquête n’en conclut pas que ces manquements constituent un crime de guerre », a déclaré à la presse le général Joseph Votel, commandant du centre opérationnel de l’armée américaine (Centcom).

L’officier a expliqué qu’il ne s’agissait pas d’un crime de guerre parce qu’aucun militaire ne savait qu’un hôpital était visé. Selon les conclusions de l’enquête, l’incident a été causé par des « erreurs humaines non intentionnelles, des erreurs de procédure et des défauts d’équipement ». Le rapport ajoute la fatigue et « un rythme élevé d’opérations » comme autres facteurs explicatifs.

« Incompréhensible »

Réagissant à la publication du rapport, la présidente de MSF Meinie Nicolai a déclaré qu’il revenait à reconnaître « qu’une opération militaire hors contrôle aurait été menée dans une zone urbaine densément peuplée, lors de laquelle les forces américaines ne seraient pas parvenues à suivre les règles de base de la guerre ». « Il est incompréhensible que dans les circonstances décrites par l’armée américaine, l’attaque n’ait pu être avortée », a-t-elle ajouté.

Jeudi, à la veille de la publication du rapport, le gouvernement américain avait fait savoir que seize militaires, dont un général, avaient écopé de sanctions disciplinaires, allant de la suspension à des lettres de réprimande. MSF a jugé que ces sanctions étaient trop faibles, « hors de proportion avec la destruction d’une installation médicale protégée ».

« Il est inenvisageable pour nous de renvoyer nos équipes – dont les collègues qui ont survécu à l’attaque – travailler à Kunduz sans avoir obtenu des parties au conflit qu’elles s’engagent à tout mettre en œuvre pour que ce type d’événement n’arrive plus », a encore déclaré la présidente de MSF. Estimant qu’« une enquête menée par l’armée américaine ne peut suffire », l’organisation continue de réclamer une enquête indépendante.